France

François Bayrou ministre de la Justice, mais à quel prix pour Emmanuel Macron ? (VIDEO)

Après l'octroi de 80 circonscriptions au MoDem, Emmanuel Macron continue de donner des gages à François Bayrou dont le ralliement à sa candidature avait été déterminant. Au risque que le président du MoDem s'érige en figure tutélaire du président.

C'est la fin d'une longue traversée du désert pour François Bayrou, ministre de l'Education de 1993 à 1997. Après avoir bataillé pendant 20 ans pour créer un espace au centre, finalement raflé par Emmanuel Macron, François Bayrou accède finalement aux affaires au poste prestigieux de ministre de la Justice.

Pour Emmanuel Macron, il fallait bien récompenser son ralliement en février 2017, alors que le candidat d'En Marche était victime d'un trou d'air dans les sondages. Cependant, l'éternel troisième homme des campagnes présidentielles aime à se poser en arbitre, en sage montrant la bonne direction. Et c'est sans doute là que le bât blesse. François Bayrou, âge, expérience, et autorité morale affichée obligent, pourrait bien être tenté de devenir un co-président encombrant.

En témoigne sa colère à l'annonce de la première série d'investitures de La République en marche (LREM), dont le MoDem était temporairement exclu. L'épisode a sans doute confirmé la capacité de nuisance de François Bayrou, lequel pourrait bien s'ériger en figure tutélaire. Alors que dans le même temps, Emmanuel Macron s'efforce de constituer un gouvernement resserré, dans lequel aucune fronde ne serait possible.

Ménager François Bayrou à l'approche des législatives ?

Selon le Canard enchaîné du 17 mai 2017, Emmanuel Macron aurait fait part de sa méfiance et de son agacement. «Bayrou veut jouer les marionnettistes», aurait déclaré le président selon l'hebdomadaire satirique, avant d'ajouter : «Il considère qu'il m'a fait roi, que je lui dois tout, que j'ai été élu uniquement grâce à lui et qu'il a fait l'élection.» Sans doute François Bayrou joue-t-il un rôle important dans l'opération de triangulation de la droite en cours, et sa nomination à la Justice en est-elle le prix, à moins d'un mois des élections législatives.

Et puis, il y a les déclarations de François Bayrou à l'encontre du candidat Macron en septembre 2016. Le centriste ne mâchait alors pas ses mots, évoquant un candidat «des forces de l'argent», dans la droite lignée, expliquait-il sur le plateau de BFMTV, d'un Dominique Strauss-Kahn et d'un Nicolas Sarkozy.

A ses yeux, Emmanuel Macron était alors un «hologramme». Et de conclure, catégorique : «Il y a là une tentative qui a déjà été faite plusieurs fois par plusieurs grands intérêts financiers et autres, qui ne se contentent pas d'avoir le pouvoir économique, mais qui veulent avoir le pouvoir politique».

Reste à espérer pour Emmanuel Macron que François Bayrou ne se souvienne pas de ses réserves passées lorsque le gouvernement affrontera ses premières difficultés.

Lire aussi : Un eurodéputé allemand s'adresse à François Bayrou, «nouveau ministre des Affaires étrangères»