France

Débat entre Macron et Le Pen : derrière les soutiens partisans, l'impression d'un échange «médiocre»

Les soutiens de chaque candidat ont loué leurs prestations respectives. Mais ils ont surtout insisté sur la médiocrité de l'adversaire, sentant que la qualité de l'échange, comme l'ont déploré plusieurs figures politiques, n'était pas à la hauteur.

Le débat entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen le 3 mai a été marqué par des joutes verbales nombreuses et parfois virulentes. Sans surprise, les deux candidats se sont frontalement opposés sur presque tous les thèmes. Sans surprise non plus, leurs soutiens respectifs ont fait bloc, chacun proclamant la victoire de son champion. Mais, au-delà du clivage politique, c'est bien l'impression d'un débat confus et parfois inaudible qui demeure.

Côté Le Pen : les qualités de la candidate... ou les défauts de ses opposants

Du côté du Front national, Florian Philippot a estimé que Marine Le Pen avait été «dans le concret et l'espérance» durant ses échanges avec le candidat d'En Marche!, dont il a jugé qu'il n'était pas parvenu à «faire oublier» son bilan.

Nicolas Dupont-Aignan, qui s'est rallié au Front national après le premier tour du 23 avril, n'a pas salué directement la performance de Marine Le Pen, préférant pointer du doigt la faiblesse d'Emmanuel Macron face à l'Allemagne. Il l'a ainsi qualifié de «petit télégraphiste de Merkel».

Steeve Briois, de son côté, a dénoncé l'attitude de Michel Field, directeur de l'information de France Télévisions, l'accusant d'avoir demandé en direct aux journalistes de changer de sujet car Marine Le Pen se serait montrée trop à l'aise. Il n'a pas précisé à quel moment cette intervention de la part du journaliste serait intervenue.

Côté Macron : un «sérieux» en contraste avec son adversaire

Les soutiens d'Emmanuel Macron se sont montrés élogieux pour leur candidat, n'hésitant pas à dénoncer le «grand n'importe quoi» du discours de Marine Le Pen. Laurence Haïm, porte-parole du candidat, a même considéré que c'était «l'expression de la soirée».

Ségolène Royal, qui a appelé à soutenir Emmanuel Macron, a également salué son «sérieux» et son «efficacité», attaquant au passage le «vide et l'incompétence» du camp adverse, sans nommer Marine Le Pen.

Estimant qu'Emmanuel Macron avait été «à la hauteur, pugnace, précis et compétent», Manuel Valls, qui avait appelé à voter pour le candidat d'En Marche! dès le premier tour, s'est également montré enthousiaste après le débat. Invité à réagir sur CNews le 4 mai, il a jugé que Marine Le Pen avait «montré son vrai visage : injure, violence, mensonge, approximation».

La «médiocrité» générale d'un échange trop agité

Les réactions dépitées, estimant que l'ensemble du débat avait été d'un niveau médiocre, se sont multipliées dans les heures suivant la fin de cette joute particulièrement agressive. Parmi les soutiens de Marine Le Pen, Robert Ménard a jugé que ça avait été «un débat de ministres des Affaires étrangères ou de l'Economie» et qu'aucun des deux participants n'avait été «à la hauteur des enjeux», sur le plateau de BFM-TV le 4 mai.

Pour Eric Ciotti, ni Marine Le Pen ni Emmanuel Macron n'ont été convaincants, idée qu'il a exprimée en déclarant : «La seule vérité ce soir, quel que soit le résultat, Hollande aura un successeur encore plus médiocre que lui !» Le président du conseil départemental des Alpes-Maritimes fait partie des personnalités des Républicains ayant refusé le «front républicain» et n'a donc pas appelé, comme la direction de son parti, à voter pour Emmanuel Macron.

Christine Boutin, qui a annoncé son soutien à la candidature de Marine Le Pen pour «faire barrage à Emmanuel Macron» n'a été séduite par aucun des deux candidats. «Face à une telle nullité», elle en est même venue à éprouver de la compassion pour les journalistes qui, au milieu des échanges de tirs verbaux entre les deux candidats, se sont faits relativement discrets tout au long de la soirée.

Chez les soutiens de Jean-Luc Mélenchon, le ton semblait être au regret : Alexis Corbière, réagissant à un tweet de Christophe Barbier, a déploré l'absence du candidat de la France insoumise au second tour.

Parfois virulent, toujours tendu, le débat entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron aura quelque peu bouleversé les habitudes de cet exercice télévisé quinquennal généralement plutôt sobre. Au-delà des soutiens enthousiastes de chaque candidat, les différentes appréciations de leur échange semblent s'accorder sur la confusion qui a régné pendant près de deux heures et demie sur le plateau. De quoi accroître encore davantage le désintérêt des Français, qui n'ont été que 16 millions à regarder TF1 et France 2 le 3 mai, soit le plus mauvais score d'audience pour un débat présidentiel. 

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