Alors que la quasi-totalité de la classe politique appelle à soutenir Emmanuel Macron au second tour de l'élection présidentielle face à Marine Le Pen, le candidat du mouvement En Marche! peut également compter sur le soutien de vieux routards. Présents dans la vie politique française depuis des décennies, des intellectuels et élus issus de la génération 1968 ont en effet décidé de rouler pour le candidat.
José Bové vent debout contre le «ni-ni»
«J’appelle sans aucune retenue à voter pour Macron» : le titre de la tribune publiée le 27 avril par José Bové dans Libération a le mérité d'être clair.
«Aujourd’hui, il est de la responsabilité de chacun de dire et de faire», écrit l'altermondialiste moustachu, qui la tendance au «ni-ni» là où «les rassemblements dans la rue pour dire "No Pasaran" ne se comptaient plus» en 2002, lorsque Jean-Marie Le Pen était présent au second tour».
L'écologiste, qui avait d'abord soutenu Benoît Hamon avant sa lourde défaite, raille au passage Jean-Luc Mélenchon, «le puriste de gauche, vexé que pas plus de "gens" n’aient voté pour lui, [qui] refuse de jouer son rôle».
BHL contre «ceux qui n'en ont rien à foutre de la République»
Depuis l’annonce des résultats du premier tour du scrutin, l'ancien maoïste n'a de cesse d'appeler à «voter contre le fascisme» depuis son compte Twitter. «Urgence républicaine. Pas obligé d'être "en marche" pour faire barrage à l'extrême droite. Abstention piège à cons», écrit-il par exemple le 25 avril.
Mais le penseur à la chemise blanche avait déjà fait son choix avant la qualification de son favori au second tour. Dans un billet intitulé «De quoi Macron est-il le oui ?» et publié sur son site, il l'écrivait clairement : «Je préfère Emmanuel Macron parce que je ne connais pas, compte tenu de l’offre politique disponible, de meilleur moyen d’écarter ceux qui, dans la hargne ou l’amertume, naufragent la République.»
Quelques jours plus tard, sur les ondes d'Europe 1, il se paraphrasait lui-même dans un registre plus trivial : «Face à ceux qui n'en ont rien à foutre de la République qui sont Mélenchon et Le Pen, je pense que Macron est le meilleur.»
Daniel Cohn-Bendit «rallié» par Macron
Figure de proue des événements de mai 1968, Daniel Cohn-Bendit, lui, ne fait pas les choses à moitié.
Soutenant Emmanuel Macron dès le premier tour, il n'hésite pas à participer à ses meetings, comme à Nantes le 20 avril, lorsque l'ancien député européen explique que c'est «le petit Emmanuel», qui l'a rallié au sujet de l'Europe, et non l'inverse.
Dany Le Rouge n'oublie pas, lui non plus, sa priorité. «C’est lui le meilleur barrage contre Marine Le Pen», explique-t-il sur France Inter. Pour cette raison il choisira le bulletin Macron lors de son premier vote à une élection présidentielle française depuis sa naturalisation en 2015. «Une société ouverte, pour l'Europe, voilà ce qu'il faut défendre», estime l'ex-député.
Bernard Kouchner aime «l'aventure»
S'il est resté relativement silencieux ces derniers temps, le cofondateur de l'ONG Médecins sans frontières ne tarissait pas d'éloges pour le candidat En Marche! en janvier 2017, pour qui il confiait envisager de voter.
Dans un entretien au journal Le Parisien, le French doctor déclarait notamment : «S'il y a quelqu'un qui fait naître l'espoir, c'est bien lui.» Emmanuel Macron est «un homme qui ouvre le jeu, qui ne dit pas du mal des gens par goût électoral [...] C'est l'homme qui ne s'arrête pas au clivage droite-gauche et il reste humaniste. C'est une belle aventure. Et j'aime l'aventure et la solidarité», analysait l'ancien ministre des Affaires étrangères de Nicolas Sarkozy.
Noël Mamère se résigne
«Le 7 mai, mobilisons-nous contre le Front national» a enfin proposé Noël Mamère dans un appel cosigné avec une dizaine d'autres écologistes.
«Pour la deuxième fois en quinze ans, les Français devront se mobiliser largement pour mettre en échec ce parti xénophobe», écrit le maire de Bègles, qui qualifiait pourtant Emmanuel Macron de «construction médiatique» en septembre 2016.
Louis Maréchal