«Mon rôle est de vous aider à rester groupés. D'être la force qui va appeler, qui va rassembler», a déclaré le 28 avril Jean-Luc Mélenchon à ses militants, en annonçant qu'il prendrait la tête de la campagne législative pour son mouvement.
Selon un calcul effectué par l'AFP à partir des scores de la présidentielle, modérés par la participation aux législatives en 2012 (55%), les candidats de la France Insoumise arriveraient premiers, deuxièmes, ou au-dessus des 12,5% d'inscrits nécessaires pour se maintenir au second tour, dans 237 circonscriptions sur 577.
Un potentiel électoral que le parti entend faire fructifier. «On ne va pas y aller dans un combat de résistance à Emmanuel Macron mais dans un esprit de conquête», promet le directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon, Manuel Bompard, une des têtes pensantes de la France insoumise.
Le mouvement maintient les règles fixées avant la présidentielle dans une «charte» : un candidat soutenu par la France insoumise s'engage dans un cadre national, avec une même charte graphique pour tout le monde dans le matériel de campagne, un «engagement moral» à une discipline de vote au sein du futur groupe parlementaire, et un rattachement à l'association de financement du parti.
«On peut dire à la fin de cette campagne que notre méthode était la bonne, la question de la charte est renforcée par le résultat des élections», estime Manuel Bompard, conscient d'un rapport de force en faveur de la France insoumise.
Atmosphère glaciale
Avoir soutenu Jean-Luc Mélenchon pendant la présidentielle est aussi considéré comme «la moindre des choses» pour tout prétendant à l'investiture. Une condition évidemment difficile à remplir pour tous ceux qui ont soutenu le candidat PS Benoît Hamon, y compris Europe Ecologie-Les Verts.
Le parti de David Cormand a formellement appelé le 28 avril la formation mélenchoniste à envisager des «candidatures communes». Pour que soient représentés à l'Assemblée nationale les «près de 26% des électeurs» qui ont voté pour «les forces qui se réclament de la gauche et de l'écologie», soit les électeurs de Jean-Luc Mélenchon et ceux de Benoît Hamon.
Le camp de l'ex-candidat socialiste à la présidentielle souhaite aussi des candidatures communes, avec la France insoumise, le PCF et EELV, a également assuré à l'AFP, le député européen Guillaume Balas, proche de Benoît Hamon. «Si on parvient à faire des alliances, on peut avoir un nombre de députés importants. Si ce n'est pas le cas, tout le monde va se faire ratiboiser», a-t-il alerté.
Dans l'immédiat, la France insoumise manifeste peu d'enthousiasme à accueillir les uns ou les autres. «Vous partez du principe que les deux électorats s'additionnent», souffle un membre de l'équipe Mélenchon. «L'équipe de Benoît Hamon n'a pas les moyens de retirer des candidats socialistes ou d'empêcher qu'il y en ait contre des candidats France insoumise», avance une autre.
Les choses se présentent différemment pour le PCF ou Ensemble, qui ont soutenu la candidature présidentielle de Jean-Luc Mélenchon mais ont jusqu'ici refusé de signer la charte.
Avec le parti communiste, l'atmosphère est particulièrement glaciale. Le ressentiment est encore grand aujourd'hui au sein de la France insoumise envers des communistes accusés d'être entrés tardivement dans la campagne présidentielle, et de manière «autonome», avec le même candidat mais ni le même programme ni les mêmes affiches.
Lors d'une rencontre des deux organisations, le PCF a proposé le 28 avril des retraits réciproques dans 30 circonscriptions au total, 15 réservées au PCF, 15 à La France insoumise. Selon le parti de Pierre Laurent, une nouvelle réunion sera l'occasion d'examiner cette option, circonscription par circonscription.