Alors qu'Emmanuel Macron a remporté le premier tour de la présidentielle française avec 23,86% des suffrages et que le Front national (FN) a réalisé un record historique en termes de voix, la presse française évoque de manière quasi unanime un pays fracturé. Certains titres de presse ont appelé à faire barrage à Marine Le Pen.
Le Monde appelle à voter contre le Front national
«Macron-Le Pen, les deux France», titre le quotidien Le Monde tandis que son directeur, Jérôme Fenoglio, n'hésite pas à qualifier le Front national de «parti nationaliste et xénophobe, manipulé par un clan familial cynique et affairiste». Insistant sur «un refus sans faille du FN», l'éditorial du journal de centre-gauche est explicite : «Nous souhaitons [...] la défaite de Marine Le Pen et appelons pour cela à voter en faveur d’Emmanuel Macron.»
Libération insiste sur la vigilance à l'égard du Front national
Pour le journal de centre-gauche Libération, «le second tour opposera [...] le social-libéralisme au nationalisme, l’ouverture à la fermeture, l’Europe unie à la France seule». Devant le duel Macron-Le Pen, le quotidien reconnaît à mi-mots une «confrontation peuple-élites» et appelle à la «vigilance» face au Front national.
Le Figaro évoque une «droite K.O.» et espère une revanche lors des élections législatives
Alexis Brézet, directeur des rédactions du journal de droite Le Figaro, a constaté avec amertume que «l’imperdable [avait] été perdu» et a déploré un «immense gâchis». Il a toutefois espéré un sursaut des électeurs de droite à l'occasion des législatives, expliquant que ces derniers «brûlent de laver dans une victoire législative l'humiliation de la présidentielle».
La Croix insiste sur une «nouvelle donne» électorale et politique
Le journal catholique La Croix a constaté une «décomposition, recomposition» de la vie politique française après l'élimination des candidats du Parti socialiste, comme des Républicains, et la qualification de Marine Le Pen, en compagnie d'Emmanuel Macron, pour le second tour de la présidentielle.
L'élection présidentielle française et la presse étrangère : l'UE au cœur des préoccupations
A l'étranger, certains titres de presse ont évoqué une France «troublée», «déchirée», «divisée». Alors que la candidate du Front national a insisté à de nombreuses reprises sur «le clivage [...] entre les patriotes et les mondialistes», la plupart des journaux ont rappelé que la construction européenne était au centre du clivage séparant Marine Le Pen d'Emmanuel Macron.
Au Royaume-Uni, le quotidien de centre-gauche The Guardian parle d'Emmanuel Macron comme du «meilleur espoir d'un grand pays profondément troublé» tandis que le journal de centre-droit The Times évoque «une élite française humiliée par des marginaux en route vers la victoire». Si le Daily Mail titre sur «Une nouvelle révolution française», le quotidien des milieux d'affaires The Financial Times estime pour sa part que le «couronnement» du candidat d'En Marche ! est déjà acquis.
En Allemagne, le quotidien conservateur allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung titre «La France déchirée» et insiste sur une radicalisation de l'électorat français en estimant que «plus de 40% des Français ont voté pour un candidat d'extrême droite ou d'extrême gauche». Pour la Süddeutsche Zeitung, «la France est une nation divisée», tandis que le magazine de centre-gauche Der Spiegel évoque «une gifle retentissante pour l'establishment politique».
Aux Etats-Unis, The Wall Street Journal évoque un duel au sommet entre «[Emmanuel] Macron, un ancien banquier d'affaires qui veut renforcer l'intégration européenne» et «[Marine] Le Pen, ennemie jurée de l'UE et de sa monnaie unique». Toutefois, le quotidien économique et financier estime que l'élection présidentielle française a «calmé les peurs de l'Union européenne».
Le New York Times a également insisté sur une opposition entre «deux outsiders avec des visions radicalement différentes pour le pays» et qui «place la France sur un chemin incertain au moment critique où cette élection pourrait également décider de l'avenir de l'Union européenne».
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