France

People, politiques et Attali : Macron fait la fête dans une brasserie et déclenche une polémique

Le candidat d'En Marche ! n'a pas encore gagné l'élection mais, bien accompagné, a déjà fêté son succès dans une brasserie parisienne. Face à la polémique qui enfle, il rejette les comparaisons avec la soirée du Fouquet's de Nicolas Sarkozy.

Emmanuel Macron serait-il bling-bling ? Le candidat d'En Marche ! a en tout cas choisi de célébrer sa première place au premier tour de l'élection présidentielle à La Rotonde – une brasserie parisienne huppée du quartier Montparnasse – en bonne compagnie.

Devant une nuée de journalistes, de nombreuses personnalités sont en effet venues passer la soirée avec lui, parmi lesquelles des hommes politiques comme Daniel Cohn-Bendit, Jack Lang et Frédéric Mitterrand, mais aussi l'économiste Jacques Attali, l'actrice Line Renaud, les acteurs Pierre Arditi et François Berléand, l'animateur Stéphane Bern, ou encore l'écrivain Erik Orsenna.

Visiblement, la perspective du deuxième tour contre Marine Le Pen ne figurait pas parmi ses préoccupations et rien ne pouvait gâcher la joie d'un premier succès électoral pour l'ancien employé de la banque Rothschild. Pas même les journalistes de l'émission Quotidien lorsqu'ils ont dressé un parallèle entre sa soirée et le controversé dîner de Nicolas Sarkozy au Fouquet's en 2007.

«Donc c'est ce que vous voulez, mais c’était mon moment du cœur, vous voyez ?», a sèchement répondu l'ancien socialiste. «Je crois qu'au Fouquet's, il y a pas beaucoup de secrétaires, pas beaucoup d'officiers de sécurité, vous avez vu qui était ici à table», a-t-il ajouté, omettant soigneusement de mentionner les personnalités publiques.

«Moi, je n'ai pas de leçon à recevoir du petit milieu parisien», a-t-il encore relancé.

Sentant poindre diverses polémiques, l'entourage du candidat a immédiatement fait son possible pour éteindre les nombreux débuts d'incendies. «Ce n'était pas une ambiance incroyablement festive», confie tout d'abord un de ses proches au journal Le Parisien, pour ne pas avoir l'air de fêter la victoire avant l'heure. «Les plus anciens conseillers répétaient "Emmanuel, il faut rester concentré et sérieux"», ajoute t-il.

Deuxième pierre d'achoppement, la participation supposée aux réjouissances de Dominique Strauss-Khan, comme l'a notamment rapporté le journaliste Jean Quatremer. 

«Il y avait bien Line Renaud et Pierre Arditi mais pas de DSK comme certains l'ont colporté», assure de son côté un proche du candidat.

Mais au cœur des préoccupations, se tient la comparaison tant redoutée avec le dîner du Fouquet's de Nicolas Sarkozy : «C'était juste pour remercier les artisans du succès de ce premier tour. Ce n'était pas du tout le Fouquet’s !», tente désespérément de convaincre ce même proche.

«On a le sens de l'Etat ou on ne l'a pas»

Mais le mal est fait et les réactions sont légions le 24 avril sur les réseaux sociaux, où adversaires politiques comme anonymes ne digèrent pas le dîner du candidat. «Rotonde» était l'une des tendances en fin de matinée sur Twitter, signe de l'intérêt de la toile.

Le timing de cette soirée a été mis en cause par certains internautes, alors que le Front national (FN) a fait le meilleur score de son histoire à une élection présidentielle.

Le manque apparent d'humilité d'Emmanuel Macron est également souvent critiqué.

D'autres y voient le retour de la gauche caviar et estiment que Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron sont «les mêmes».

Le «tuteur du peuple» et directeur de la rédaction de l'hebdomadaire L'Express Christophe Barbier signale «une faute de communication».

Du côté des politiques, le maire Les Républicains (LR) du Touquet, Daniel Fasquelle s'est dit choqué par ses célébrations au micro de BFMTV.

David Cormand, un élu Europe Ecologie-Les Verts (EELV) de Rouen a trouvé la fête «indigne», alors que le Front national (FN) était qualifié pour le second tour.

Le vice-président du FN, Florian Philippot, a pour sa part manié l'ironie, se demandant si le Fouquet's n'était pas fermé.

Macron assure avoir invité «les petites mains de sa campagne» 

Emmanuel Macron s'est justifié en assurant avoir voulu inviter «les petites mains de sa campagne».

Brice Griveaux, porte-parole d'En Marche ! estime quant à lui qu'il s'agit d'une «polémique honteuse».

«Il n'y avait pas une majorité de people», a défendu le maire socialiste de Lyon, Gérard Collomb, ajoutant que La Rotonde n'était pas le Fouquet's.