France

«15 minutes pour convaincre» : les 11 candidats défilent pour un ultime oral avant la présidentielle

A l’heure où de nombreux électeurs sont encore indécis, les prétendants à l’Elysée se succèdent sur France 2 pour des entretiens télévisés successifs. L’idée d’un nouveau débat, à trois jours du premier tour du scrutin, n’avait pas fait l’unanimité.

Vendredi 21 avril

Quelque 4,66 millions de téléspectateurs (21,1% de part d'audience) ont regardé jeudi soir sur France 2 l'émission politique qui réunissait les 11 candidats à l'élection présidentielle, selon les chiffres de Médiamétrie publiés le 21 avril.

Ce score, le plus élevé de la soirée, reste très inférieur aux 6,3 millions de personnes qui avaient suivi le débat à onze sur BFMTV et CNews le 4 avril et aux plus de 10 millions réunis devant le débat avec les cinq favoris sur TF1 et LCI le 20 mars. 

«Le cauchemar recommence, une fois encore», lance Marine Le Pen, évoquant un «sentiment de tristesse».

«Tout n'est pas fait pour mettre nos compatriotes à l'abri», ajoute-t-elle, promettant de mettre des «moyens» pour lutter contre le terrorisme. «Je ne veux pas qu'on dise à la jeunesse» qu'elle doit s'habituer à vivre «durablement» avec la menace, lance-t-elle, envoyant une pique à Emmanuel Macron.

Emmanuel Macron exprime sa «solidarité» envers la victime. «Nous vivrons durablement» sous la menace terroriste, indique-t-il, assurant qu'il protégera la France de celle-ci, en renforçant les moyens de sécurité et de renseignement.

«Nous ne devons pas céder à la peur», ajoute-t-il.

Nathalie Arthaud exprime sa «solidarité avec les victimes» de la fusillade. Elle se désolidarise ensuite de la «politique de l'Etat français», assurant qu'il est responsable de la montée du fondamentalisme.

Nicolas Dupont-Aignan fait part de ses pensées à la famille de la victime de la fusillade des Champs-Elysées. «Le meilleur hommage que l'on puisse leur rendre est d'agir enfin pour vaincre les barbares», lance-t-il.

Le choix des électeurs sera celui de la «survie de la France comme nation libre», estime le candidat, rappelant les problématiques de l'économie et de la souveraineté.

François Asselineau présente ses condoléances à la famille de la victime.

Il indique ensuite qu'il veut réinstaurer la démocratie en mettant en oeuvre des référendums d'initiative populaire, avec «pouvoir révocatoire».

Jacques Cheminade conclut sur la «dictature des marchés financiers».

Jean Lassalle insiste de son côté sur «la faiblesse du débat d'idées» et la «perte d'influence» de la France.

Philippe Poutou exprime sa tristesse face à l'actualité. Il appelle à stopper les ventes d'armes et les guerres, qui sont selon lui, «le terreau du terrorisme».

«La mémoire pour les morts, ce n'est pas seulement quand un policier meurt», c'est aussi quand des «salariés se suicident», conclut-il.

François Fillon exprime à nouveau sa «solidarité» avec les policiers et la «population française» qui s'inquiète de la multiplication des attentats.

La lutte «contre le totalitarisme islamiste» doit être une priorité, assure le candidat. Il assure qu'il s'agira de sa «priorité absolue».

Déplorant un «nouvel épisode de terrorisme», Benoît Hamon se joint au message de son prédécesseur.

Il invite à combattre ceux qui «détestent la démocratie».

Jean-Luc Mélenchon exprime sa solidarité à l'égard de la victime et indique que les auteurs seront punis. Il invite enfin à la prudence en attendant davantage d'informations.

David Pujadas rappelle que chaque candidat pourra revenir sur la fusillade des Champs-Elysées durant leur conclusion.

Chacun va désormais s'exprimer.

Pour améliorer les conditions de vie des fonctionnaires, ceux-ci devront «travailler plus», déclare François Fillon. Il propose de laisser les entreprises négocier librement le temps de travail, ajoutant qu'il voudrait que celui-ci y augmente.

Le candidat de la droite estime qu'il faut «poser la question» de la dissolution de l'UOIF, dénonçant une «pression intégriste très forte» dans la communauté musulmane.

François Fillon débute en indiquant : «La nation est solidaire avec les policiers.»

Tout en restant prudent, il déclare que la fusillade «ressemble terriblement à un acte terroriste».

Il appelle à travailler davantage avec la Russie ou encore l'Iran pour lutter contre les groupes terroristes.

«Assad est un danger pour la Syrie, mais pas pour le reste du monde», estime le candidat, rappelant que la priorité est Daesh. Il met en garde quant à une confrontation avec la Russie.

Jeudi 20 avril

Jean Lassalle s'exprime. Il insiste sur son projet de «relancer la diplomatie» française.

David Pujadas l'interroge sur sa rencontre avec le président syrien Bachar el-Assad. Le candidat explique qu'il voulait se rendre compte de la situation par lui-même.

«J'ai fait mon travail de député», estime-t-il.

David Pujadas interroge Jacques Cheminade sur le programme spatial qu'il propose. Le candidat indique qu'il s'agit d'un investissement permettant de développer les nouvelles technologies.

Le candidat utilise sa carte blanche pour proposer d'augmenter le budget de la culture et celui de l'école. Selon lui, il s'agirait d'une manière de «vider les prisons».

Jacques Cheminade fait son entrée. Il a apporté avec lui des outils datant de la préhistoire, au grand étonnement de David Pujadas.

Il enchaîne sur son projet, proposant d'augmenter les salaires.

Interrogé sur la Syrie, le candidat du mouvement En Marche ! indique qu'il veut que des mesures soient prises à l'ONU pour «mettre la pression sur» Bachar el-Assad. Il propose de mener, dans une coalition, des frappes aériennes pour détruire «les stocks d'armes chimiques» dont il prétend que le dirigeant syrien dispose.

Il assure, dans le même temps, qu'il veut lutter contre les groupes terroristes et ne veut pas d'«Etat failli» en Syrie.

Il prône un investissement dans les «formations» pour que les chômeurs puissent «repartir».

Léa Salamé interroge Emmanuel Macron sur ses propos polémique sur la «culture française».

Il assure qu'il veut défendre celle-ci.

Emmanuel Macron s'exprime. Il rappelle qu'il veut supprimer la taxe habitation.

«L'impôt sur la fortune pénalise le financement de notre économie», lance-t-il.

Il évoque ensuite longuement l'Education, insistant sur la notion d'«autonomie».

La fusillade sur les Champs-Elysées a fait irruption dans l'émission. Les journalistes ont annoncé l'incident avant l'entrée sur le plateau de Philippe Poutou. 

Sur Twitter, Christian Estrosi attaque le candidat du NPA sur ses positions sur la sécurité.

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Le candidat réitère sa proposition de désarmer la police, assurant que cela n'augmentera pas la criminalité, selon lui.

«Il n'y a pas vraiment un problème de criminalité en France», ajoute-t-il.

Dans sa carte blanche, Philippe Poutou aborde l'écologie, selon lui pas assez évoquée durant la campagne.

Il prône un changement du modèle agricole. Il veut notamment passer au «tout bio» en l'espace de dix ans.

Le candidat prône également la fermeture de certains réacteurs nucléaires, mais aussi la gratuité des transports.

«Le problème c'est qu'on a une société qui recherche le profit», lance le candidat du NPA.

Il prône l'idée de l'autogestion des entreprises par les salariés.

Philippe Poutou a apporté le drapeau de la Guyane «pour faire hommage» au mouvement social sur place.

Nicolas Dupont-Aignan évoque la politique internationale. 

Appelant à vérifier qui est responsable de l'attaque chimique présumée de Khan Cheikhoun, il indique que si c'est Bachar el-Assad, «il devra payer». Le candidat indique toutefois que la priorité est Daesh, qui «a tué des Français».

Se plaignant d'avoir subi des «pressions» pour qu'il retire sa candidature, le candidat de Debout La France lit, en direct, un message reçu selon lui d'un «grand patron de presse».

«Le boycott de mon journal n'est que la conséquence de ton attitude contre François Fillon», lit le candidat, regardant son téléphone.

Nicolas Dupont-Aignan choisit un sujet vaste pour sa carte blanche, la «démocratie».

«Tous les Français ont compris qu'il y avait un candidat chouchou», affirme-t-il.

Nicolas Dupont-Aignan arrive sur le plateau.

«Nous sommes européens» lance le candidat, avant de dire que les Français ne peuvent pas accepter l'Union européenne actuelle.

Il propose de revenir à l'Europe du général De Gaulle et de mettre en place la politique de la «chaise vide» pour modifier les traités. Le président de Debout La France souligne qu'il a rédigé un traité alternatif et qu'il ne sera pas nécessaire, selon lui, de quitter l'UE.

Alors que Léa Salamé demande à Benoît Hamon s'il a des regrets, il déplore qu'il n'y ait «pas de débat démocratique» mais une suite de monologues. «C'est la Russie ce modèle», lance-t-il, avant de dire qu'il n'est pas d'accord avec ce modèle où, assure-t-il «on choisit les journalistes et on choisit les questions».

David Pujadas entame le sujet de la politique internationale.

«Je ne hiérarchise pas l'horreur» lance-t-il avant d'ajouter : «Je ne dirai pas que Daesh est pire que Bachar el-Assad.»

Benoît Hamon explique qu'il n'envisage pas de sortir de l'Union européenne.

Benoît Hamon a pour sa part amené sa carte vitale.

Il est interrogé sur l'une de ses propositions phares, le revenu universel. Le candidat du Parti socialiste explique qu'il s'agit, selon lui, d'une manière de relancer l'économie.

Le président de l'Union populaire républicaine déplore les interventions militaires, pour certaines illégales selon lui, dans lesquelles la France s'est engouffrée. Il cite l'exemple de la Libye.

Sur la question du terrorisme, il pointe du doigt l'«inefficacité» de l'état d'urgence. Il propose toutefois d'augmenter le budget de la police.

«La France n'a pas à prendre parti» dans la crise syrienne, sur la base d'informations qui pourraient être erronées, explique-t-il, déplorant qu'elle soit un «supplétif de Washington».

Il rappelle qu'en 2013, le massacre de la Ghouta, en Syrie, avait été attribué au gouvernement de Bachar el-Assad alors qu'un rapport d'experts du MIT avait ensuite démontré qu'il était imputable à des groupes rebelles.

François Asselineau prend l'engagement de remettre en jeu son mandat s'il n'a pas fait «baisser de 1,5 à 2 millions» les chômeurs de catégorie A.

Dans sa carte blanche, François Asselineau rappelle sa mesure phare : sortie de l'Union européenne.

Il exhibe le rapport de son parti intitulé «Grandes orientations de politique européenne», estimant que le prochain président devra les mettre en pratique, quel qu'il soit. Il déchire ensuite le document de l'Union européenne devant les caméras.

Le candidat UPR est interrogé sur ses propositions de nationalisation de plusieurs entreprises comme EDF.

Il insiste sur sa volonté de rendre «aux Français leurs grands services publics» et la «sécurité sociale pour tous».

François Asselineau a amené un rameau d'olivier, comme celui qu'on trouve sur le drapeau de l'ONU.

En venant au sujet du président américain Donald Trump, Marine Le Pen indique que le bombardement américain d'une base aérienne de l'armée syrienne était «contraire à ses engagements» et servait le terrorisme.

Marine Le Pen parle d'«humiliation» en évoquant l'accord sur les migrants conclu entre l'Union européenne et le président Recep Tayyip Erdogan.

«Je n'ai aucune confiance dans la passoire de Schengen», lance la présidente du FN.

Marine Le Pen utilise sa carte blanche pour revenir sur les thématiques de la sécurité et du terrorisme. 

«Rien n'a été fait» pour lutter contre l'insécurité, indique-t-elle, proposant de créer des places de prison et de combattre le «sentiment d'impunité» des voyous.

Sur le terrorisme, Marine Le Pen souligne la nécessité, selon elle, de rétablir les frontières de la France.

Elle propose également d'expulser les fichés S étrangers pour «faciliter le travail des services de police et de renseignement».

C'est désormais à Marine Le Pen de s'exprimer. Elle a symboliquement apporté une clé, offerte par un chef d'entreprise.

La journaliste l'interroge sur la sortie de l'euro. Elle dénonce le «projet peur» et les «mensonges» qui tentent selon elle de dissuader les Français de revenir à une monnaie nationale.

«Je veux retrouver la voie de la création d'emplois», lance-t-elle.

Léa Salamé interroge Nathalie Arthaud sur l'état d'urgence, dont la candidate appelle à sortir. Elle estime que celui-ci a perdu son effet de surprise, et partant, son efficacité.

Elle dénonce la «démagogie» qui entoure, selon elle, la lutte contre le terrorisme.

Elle appelle à cesser les «interventions impérialistes» au Moyen-Orient, citant pêle-mêle les Etats-Unis, la Russie et Bachar el-Assad.

La candidate de Lutte ouvrière évoque sa proposition de nationaliser les banques. 

Nathalie Arthaud s'exprime sur sa mesure phare, dans sa carte blanche : «Imposer le contrôle des travailleurs sur les décisions et les comptabilités des entreprises.»

Elle indique vouloir «transformer tous les salariés en lanceurs d'alerte», c'est-à-dire de «dire tout ce qu'ils voient dans leurs entreprises».

C'est au tour de Nathalie Arthaud.

Elle a apporté une photo de Tommie Smith et John Carlos, le poing levé lors des JO de 1968.

Léa Salamé enchaîne sur le sujet de l'Europe.

Jean-Luc Mélenchon prône la négociation avec l'Allemagne, qu'il qualifie de «partenaire».

En cas d'échec des discussions, le candidat refuse de confirmer qu'il quittera l'Union européenne, comme il l'indiquait dans son plan B. Il se montre pourtant confiant quant à l'issue des négociations, déclarant : «Il n'y a pas d'Europe sans la France.»

Le sujet vire à la politique étrangère. Davis Pujadas demande à Jean-Luc Mélenchon si sa proposition de sortir de l'OTAN ne le place pas «de fait du côté de la Russie».

Il rétorque : «Je suis pour une France qui soit indépendante et championne du monde de la paix». Il souligne ensuite que la France doit se tourner davantage vers l'ONU.

Le candidat qualifie le G8 et le G20 de «clubs de riches».

C'est Jean-Luc Mélenchon qui débute l'émission, comme le voulait le tirage au sort. Les journalistes lui ont demandé, ainsi qu'aux autres candidats, d'amener «un objet qu'il emmènerait à l'Elysée». Le candidat de La France insoumise a amené un réveil, assurant qu'il s'agissait notamment que l'on se réveille quant au changement climatique.

Il a ensuite rappelé qu'il entendait taxer les revenus supérieurs à 400 000 euros par an à 90%, précisant qu'il ne craignait pas que ceux-ci quittent la France.

Le candidat explique également qu'il veut introduire la possibilité d'un référendum révocatoire.

Le dernier grand oral des onze candidats à l’élection présidentielle est diffusé le 20 avril à 20h sur France 2. France Inter, TV5 Monde et la chaîne de télé France info en assureront également la retransmission.

Sous le titre «15 minutes pour convaincre», les prétendants à l’Elysée passeront à tour de rôle devant David Pujadas et Léa Salamé.

Plusieurs thèmes seront abordés et les candidats disposeront également d’une «carte blanche», durant laquelle ils pourront aborder le sujet de leur choix. Tous les candidats reviendront en fin d’émission afin de conclure et, éventuellement, de faire valoir un droit de réponse.

L’ordre de passage a été tiré au sort.

France 2, qui envisageait d’organiser un nouveau débat rassemblant les 11 candidats à la présidentielle, avait dû revoir le format de son programme après que Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron, notamment, avaient indiqué qu’ils refusaient d’affronter leurs adversaires à trois jours du premier tour du scrutin.

Un sondage de l’institut Odoxa publié par France info le 24 mars révélait que 43% des Français qui comptent voter ne savaient toujours pas quel bulletin ils glisseraient dans l’urne.