Selon un sondage Kantar Sofres-OnePoint publié ce 9 avril, Jean-Luc Mélenchon devance pour la première fois François Fillon dans les intentions de vote exprimées. Le candidat de la France insoumise effectue une percée spectaculaire pour s'établir à 18% (soit 6% de plus en trois semaines). Le candidat de droite, au vu des résultats de ce sondage, est relégué en quatrième position, avec 17% des intentions de vote.
Emmanuel Macron et Marine Le Pen restent largement en tête avec 24%, même si leur dynamique semble s'éroder. Chacun a perdu deux points par rapport à l'enquête précédente. Grand perdant de la montée de Jean-Luc Mélenchon, le candidat socialiste Benoît Hamon plonge à 9% d'intentions de vote, soit un recul de trois points, son plus mauvais score jusqu'ici.
Viennent ensuite Nicolas Dupont-Aignan, candidat de Debout la France, donné à 3,5%, Philippe Poutou du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) à 2,5%, en hausse de 1,5 point, grâce notamment à la médiatisation très favorable que lui a procurée le débat télévisé du 4 avril dernier, François Asselineau (1%), Nathalie Arthaud à égalité avec Jean Lassalle (0,5%) et Jacques Cheminade (moins de 0,5%).
Mélenchon le vent en poupe, Fillon dans la peau du challenger
La dynamique très positive amorcée par Jean-Luc Mélenchon depuis sa marche pour la VIe République à Paris, semble avoir été amplifiée par le débat du 4 avril dernier, dont il était apparu comme le candidat le plus convaincant auprès des téléspectateurs. Rennes, Le Havre, Châteauroux... Depuis plusieurs jours, Jean-Luc Mélenchon enchaîne les meetings aux airs triomphants dans des salles combles, à grand renfort de communication numérique à destination des plus jeunes. Nouvelle démonstration de force, ce 9 avril, le candidat de la France insoumise s'adressait à plusieurs dizaines de milliers de personnes sur le Vieux-Port de Marseille, 70 000 selon l'organisation. «La victoire est à la portée de nos efforts !», a-t-il assuré à ses soutiens.
Autre ambiance en revanche du côté de François Fillon. Empêtré dans les affaires et ne parvenant pas à reprendre la main sur son agenda médiatique, le candidat de la droite peine à retrouver un second souffle et doit faire face à des perturbations lors de ses déplacements. Il a été enfariné à Strasbourg, le 6 avril dernier. En meeting devant 20 000 personnes à Paris ce 9 avril, il a maintenu le cap, multipliant, comme il l'avait déjà fait la veille à Clermont-Ferrand, les allusions à sa position de challenger donné battu par les sondages mais qui espère les faire mentir.
Si ces sondages ont de quoi galvaniser les soutiens du candidat de la France insoumise, ils sont toutefois à relativiser. En 2012, à deux semaines du premier tour, plusieurs sondages donnaient déjà Jean-Luc Mélenchon à 17% et voyaient en lui le troisième homme de l'élection. Il n'avait finalement recueilli près de 6 points de moins dans les urnes, derrière Marine Le Pen.
A droite, c'est un soutien interne qui donne espoir aux militants : Nicolas Sarkozy a estimé le 7 avril que François Fillon était «le seul» à pouvoir «réussir l'alternance». Une prise de position remarquée, alors que l'ancien président était resté silencieux jusqu'ici. Ce soutien de poids permettra-t-il à François Fillon de mobiliser les électeurs de droite qui semblent de plus en plus nombreux à le lâcher ? A deux semaines du premier tour, le temps presse, si la droite ne veut pas rejoindre le Parti socialiste sur le banc des absents au second tour.