France

Cazeneuve rejette la demande «irréaliste» d'un plan d'aide de 2,5 milliards d'euros pour la Guyane

Bernard Cazeneuve a rejeté la demande «irréaliste» des meneurs du mouvement social en Guyane de porter à 2,5 milliards d'euros le plan d'urgence du gouvernement, en appelant à «renouer les fils du dialogue» après l'échec des négociations.

«Il serait [...] aisé de céder à la facilité et de promettre des mesures et des aides financières d’un montant irréaliste puis d’en laisser la charge et la responsabilité à un autre gouvernement. Ce n’est pas la conception que nous avons de la responsabilité dans la République», a déclaré le Premier ministre à Matignon concernant les négociations sur le plan d'aide à la Guyane, à l'issue d'une réunion rassemblant 12 membres du gouvernement.

Bernard Cazeneuve a néanmoins appelé à «poursuivre le dialogue». 

«J’en appelle encore une fois à la raison et à la levée des barrages. Bloquer la Guyane, bloquer son économie, bloquer ses écoles, bloquer ses services publics, ce n’est pas ainsi que l’on peut préparer l’avenir», a-t-il poursuivi.

«Nous avons entendu nos compatriotes guyanais», a affirmé le Premier ministre, qui a détaillé le plan de plus d'un milliard d'euros proposé par le gouvernement, dont les engagements doivent être «actés» le 5 avril en Conseil des ministres.

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A Cayenne, le collectif «Pou La Gwiyann dékolé» (Pour que la Guyane décolle), qui regroupe l'ensemble des mouvements protestataires, a annoncé un durcissement de la mobilisation. Il a notamment demandé aux magasins de rester fermés le 3 avril dans le cadre d'une «opération ville-morte», a expliqué à l'AFP une de ses communicantes, Florence Adjodha.

«On rentre dans un rapport de force avec l'Etat. La ministre des Outre-mer étant partie, il faut que l'Etat se rende compte que le peuple guyanais ne se démobilise pas», a-t-elle déclaré.

Le mouvement de contestation en Guyane, vaste territoire d'Amérique du Sud de 83 000 kilomètres carrés (soit près de trois fois la Belgique) situé à 7 000 km de Paris, est basé sur des revendications sécuritaires, économiques et sociales, ainsi que sur la méfiance face à l'Etat, accusé de sous-investissement depuis des décennies. 

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