Le président du CSA Olivier Schrameck a fait part de sa «préoccupation» à la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, concernant la tenue du débat présidentiel organisé par France 2 le 20 avril, et ce dès le 24 mars, a informé le CSA dans un communiqué.
Le Conseil précise que «cette préoccupation est relative à l'émergence possible à l'occasion de ce débat d'éléments nouveaux de polémique électorale auxquels des candidats mis en cause ne seraient pas en mesure de répondre utilement compte tenu de la brièveté du temps qui leur serait laissé». Le premier tour de l'élection présidentielle étant prévu le 23 avril, cela ne laisserait que trois jours aux candidats pour rebondir aux éventuelles polémiques liées à l'émission.
Le CSA propose de «mettre en œuvre un dialogue aussi rapide que possible tant avec les candidats à l'élection qu'avec les radios et les télévisions se disposant à organiser de telles émissions, en vue de parvenir à un accord général conforme aux principes applicables au débat électoral».
Le gendarme de l'audiovisuel a rappelé aux chaînes «la nécessité de s'enquérir de l'accord des candidats pour la participation à de tels échanges ainsi que pour la détermination de leurs modalités».
Contactée par l'AFP, France Télévisions n'a pas souhaité faire de commentaires sur ces nouvelles réserves. Le groupe organise le 31 mars une conférence de presse afin de détailler son dispositif présidentiel, notamment le débat du 20 avril.
Réserves au Front national, chez Les Républicains, à En Marche ! et chez la France insoumise
Les candidats Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron ont fait part de leurs doutes le 28 mars à propos de l'organisation de ce débat de «dernière minute», à trois jours du premier tour. Le candidat de la France insoumise a annoncé qu'il ne participerait pas à un débat «au-delà du lundi 17 avril».
Emmanuel Macron a appelé le 29 mars le CSA à se saisir de l'affaire. «Nous [les candidats] avons autre chose à faire que de courir de chaîne en chaîne pour multiplier les débats à 11», a-t-il lancé sur Europe 1.
Une requête aussi portée par le porte-parole de François Fillon, Luc Chatel, sur le plateau de LCP. «On constate qu'il y a deux candidats majeurs qui ne veulent pas faire le débat ! C'est un problème. Donc ça veut dire que le CSA doit trancher !», a-t-il déclaré.
Du côté du Front national, c'est davantage la question de la neutralité de la chaîne qui a été posée. «Pour que nous nous rendions à ce débat il faudra que les conditions de la loyauté, de la neutralité soient réunies», a commenté le directeur de campagne du FN David Rachline, dans une allusion à l'entretien de David Pujadas avec Marine Le Pen.
«Si ces conditions sont réunies sans doute que nous participerons à ce débat, aujourd'hui il y a un vrai point d'interrogation. On s'interroge, franchement», a-t-il déclaré sur Sud Radio.