Dans le camp de Benoît Hamon, le soutien de l'actuel ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, à Emmanuel Macron passe très mal. «Jean-Yves Le Drian ne respecte pas le vote des électeurs de gauche qui, y compris dans le Morbihan, ont largement désigné Benoît Hamon comme leur candidat pour cette élection présidentielle», a fait savoir l'équipe de campagne du candidat de la «Belle alliance». Et de déplorer : «Il n'est pas acceptable, en démocratie, que des responsables politiques ne s'accommodent du vote des électeurs que lorsque celui-ci leur convient.»
Bien que largement anticipée, c'est une mauvaise nouvelle de plus pour le vainqueur de la primaire de la gauche, alors que les ralliements en faveur d'Emmanuel Macron se multiplient au sein du Parti socialiste (PS). Manuel Valls, même s'il s'était engagé à soutenir le vainqueur de la primaire, avait refusé le 14 mars dernier d'apporter son parrainage à Benoit Hamon, désavouant de facto le candidat du PS.
Emmanuel Macron «heureux», Bernard Cazeneuve, moins
Le candidat d'En Marche !, a salué lors d'un déplacement à Dijon le soutien que lui a apporté le ministre. «Je suis toujours heureux qu'il y ait des femmes et des hommes de conviction qui nous rejoignent», s'est-il félicité. «Quant à Jean-Yves Le Drian, c'est un responsable politique pour lequel j'ai beaucoup de respect», a-t-il souligné.
«On tient les gens pas par des disciplines. On tient par de la conviction et des projets», a lancé Emmanuel Macron, en réponse aux critiques du camp de Benoît Hamon, et notamment à l'argument du respect du résultat de la primaire à gauche.
Reste que chez certains «légitimistes», la pilule ne passe pas. Initiatrice d'une tribune dans laquelle une centaine d'élus bretons appellent à voter pour Benoît Hamon, Marylise Lebranchu, a ainsi qualifié d'un mot la décision du ministre de la Défense : «moche».
En Marche !, avenir d'un Parti socialiste moribond ?
A droite, Bruno Retailleau, soutien de François Fillon, a jugé qu'Emmanuel Macron enfilait «les chaussons de François Hollande et de Manuel Valls». Et d'ajouter sur son site : «Chez Emmanuel Macron quand on regarde de près son projet, tout est socialiste ou presque, le marketing a de plus en plus de mal à le cacher.»
Roger Karoutchi, sénateur Les Républicains (LR) ironise quant à lui sur l'ampleur du mouvement de ralliement au sein du PS en faveur d'Emmanuel Macron.
Dans l'équipe de campagne de Nicolas Dupont-Aignan, le ralliement est interprété comme un signe de la«mort» du PS.
Même son de cloche au Front national (FN), où Marion Maréchal-Le Pen raille un mouvement En Marche ! qui récupérerait la «Hollandie».
Gilles Pennelle, opposant FN à Jean-Yves Le Drian au Conseil régional de Bretagne a comparé la situation à un naufrage, évoquant un «radeau de la méduse du Système».
Consigne gouvernementale floue
Au sein du gouvernement, mis devant le fait accompli, le Premier ministre Bernard Cazeneuve ne pouvait qu'hausser le ton, au moins pour la forme. «Chaque ministre est responsable de ses choix. Et il les fait en conscience. Ce que je ne tolérerai pas, c'est qu'on se distraie de l'action gouvernementale», a-t-il déclaré lors d'un déplacement à Cherbourg.
Aussi, la consigne de «faire bloc» autour de Benoît Hamon donnée par le Premier ministre Bernard Cazeneuve semble caduque. Jean-Yves Le Drian est le troisième membre du gouvernement, après la secrétaire d'Etat à la Biodiversité, Barbara Pompili, et le secrétaire d'Etat aux Sports, Thierry Braillard, à rallier Emmanuel Macron. Et ce pourrait bien être le début d'une déferlante.
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