«Emmanuel Macron est celui qui a enterré Hollande», «Macron n'a rien à voir avec le hollandisme»... Co-fondateur de feue l'UMP, ex-chiraquien et soutien d'Emmanuel Macron, Renaud Dutreil ne manque pas d'arguments pour éviter qu'En Marche ! ne soit perçu comme un Parti socialiste version 2.0. Et de rappeler que le candidat «progressiste» bénéficie aussi de soutiens venus de la droite, à l'instar du sénateur juppéiste Jean-Baptiste Lemoyne. Une façon comme une autre de minimiser les ralliements massifs à Emmanuel Macron en provenance du PS.
Injonctions contradictoires
Il faut dire que la digue commence à craquer, alors que le rythme des adhésions s'accélère. Un mouvement qui s'est encore accentué avec la fuite dans Le Figaro d'une tribune de députés socialistes intitulée «Pourquoi nous soutenons Emmanuel Macron», le 10 mars.
Embarrassant pour le fondateur d'En Marche !, qui se présente comme un candidat de rupture avec le quinquennat de François Hollande. Ce qui n'empêche pas l'hémorragie du Parti socialiste, un «corbillard» conduit par Benoît Hamon, selon Jean-Luc Mélenchon, de se poursuivre.
François Hollande, victime consentante ?
Après le ralliement de la secrétaire d'Etat Barbara Pompili, c'est Bernard Poignant, conseiller spécial de François Hollande, qui a annoncé le 21 mars 2017 quitter l'Elysée pour se consacrer à la campagne d'Emmanuel Macron. Tandis que Bernard Cazeneuve demande à ses ministres de ne pas se rallier (trop vite ?) à Emmanuel Macron, c'est donc dans les sphères les plus proches du sommet de l'Etat que vient le soutien au candidat d'En Marche ! à la présidentielle.
En témoigne, entre autres, la mise à disposition d'Emmanuel Macron de «fiches» par le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian. Ou le fait que lors de la controverse des frais de représentation à Las Vegas, ce soit le ministre de l'Economie Michel Sapin lui-même qui soit monté au créneau pour défendre Emmanuel Macron.
Aussi, pour mieux brouiller les cartes dans une situation déjà confuse, François Hollande, dans une critique qui pourrait aussi bien être un compliment – et vice-versa – avait déclaré que le programme d'Emmanuel Macron était un «copier-coller» du sien en 2012. Tout en torpillant consciencieusement le programme de Benoît Hamon, par l'intermédiaire de ses proches.
Si le président se plaignait d'avoir été «trahi avec méthode» par Emmanuel Macron, il pourrait avoir été bien moins passif qu'il ne le laisse croire. En témoigne son désintérêt, crânement affiché, pour la primaire de la gauche en janvier 2017. Tantôt au théâtre, tantôt dans le désert d'Atacama.
Alors qu'En Marche ! semble bel et bien être en train de siphonner ce qui reste du Parti socialiste, avec l'accord tacite de l'Elysée, il valait donc mieux que ce fût un chiraquien post-gaulliste qui se charge de soutenir le contraire.
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