France

Ces ministres de François Hollande contraints de démissionner depuis 2012

A moins de deux mois de la fin de son mandat, c'est une tâche de plus à la «République exemplaire» que le candidat Hollande appelait de ses vœux en 2012. Bruno Le Roux vient allonger à son tour la liste des ministres mis en cause dans des affaires.

Jérôme Cahuzac, Yamina Benguigui, Thomas Thévenoud, Kader Arif... et désormais Bruno Le Roux. Cinq ans de mandat, cinq ministres contraints de démissionner, à l'instar de l'inversion de la courbe du chômage, les affaires et les comportements contraires à la «République exemplaire» promise n'ont cessé d'empoisonner le quinquennat de François Hollande.

Jérôme Cahuzac, «les yeux dans les yeux»

Il avait fait de la lutte contre la fraude fiscale son cheval de bataille. Le ministre du Budget voulait en 2013 «instaurer un climat de confiance entre les particuliers et l'administration fiscale», surtout au moment où il était question de rigueur budgétaire et de demander des efforts aux Français.

Le 19 mars 2013, alors qu'il a nié les faits «les yeux dans les yeux» sur le plateau de Jean-Jacques Bourdin, il est contraint de démissionner après avoir été obligé de reconnaître l'existence de comptes cachés en Suisse et à Singapour afin de soustraire ses revenus au fisc. En décembre 2016, il est condamné pour fraude fiscale à trois ans de prison ferme et cinq ans d'inéligibilité pour la dissimulation de ces comptes bancaires.

Thomas Thévenoud, le «phobique»

Nommé le 26 août 2014 secrétaire d'Etat chargé du Commerce extérieur, il doit démissionner neuf jours plus tard, un record sous la Ve République qu'il possède ex æquo avec une certain Léon Schwartzenberg, éphémère ministre délégué chargé de la Santé en 1988. Le 4 septembre 2014, Thomas Thévenoud explique sa démission pour des raison personnelles et un problème de «conformité» avec le fisc. Négligeant de payer ses impôts – comme son loyer d'ailleurs, le secrétaire d'Etat avait expliqué ses problèmes par une «phobie administrative».

Yamina Benguigui, victime de sa déclaration de patrimoine

En mars 2014, l'hebdomadaire Marianne révèle que Yamina Benguigui, alors ministre déléguée chargée de la Francophonie, a omis de mentionner dans sa déclaration de patrimoine qu'elle était copropriétaire d'une société anonyme de droit belge, G2, une holding actionnaire à 99% de sa société de production audiovisuelle, nommée à propos «Bandits productions». Lors de la vente de ses parts dans la holding, la «ministre-réalisatrice-écrivain», comme la qualifie Marianne, aurait empoché quelque 430 000 euros. Dans la foulée le parquet de Paris décide d'ouvrir une enquête préliminaire confiée à l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF).

Condamnée en appel à un an d'inéligibilité en septembre 2016, deux mois de prison et 5 000 euros d'amende, Yamina Benguigui siège toujours au Conseil de Paris, bien qu'exclue du groupe Parti socialiste.

Kader Arif, «l'affaire Bygmalion» de François Hollande

Entre juillet et octobre 2011, AWF Music, société événementielle détenue par Kader Arif et son frère, facturent au micro-parti du candidat François Hollande, baptisé «Répondre à gauche» quelque 160 000 euros. Selon Mediapart, AWF Music continue de travailler pour le candidat en 2012 pour un montant de 550 000 euros. Fils de Harki, il est nommé ministre délégué aux Anciens combattants dès le 16 mai 2012.

En novembre 2014, à la suite de l'ouverture d'une enquête préliminaire sur l'attribution de marchés publics à des proches, il est contraint de démissionner. Alors que l'information judiciaire est toujours en cours, plus de deux ans plus tard, Kader Arif était membre du comité politique de la campagne du candidat à la primaire de la gauche Vincent Peillon.

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