Durant son discours au Zénith de Nantes, le 26 février, Marine Le Pen a ciblé ses «deux opposants principaux» d'après les sondages, Emmanuel Macron et François Fillon. La patronne du FN (27%) et l'ancien ministre de l'Economie (25%) creusent en effet l'écart au premier tour sur l'ancien Premier ministre (19%), selon un sondage Odoxa publié le même jour.
Pour Marine Le Pen, Emmanuel Macron, candidat des «puissances d'argent», «devient la possibilité pour le système de se survivre, de survivre» et voudrait installer une «autoroute migratoire» entre Alger et Paris.
Le leader du mouvement En Marche! est en outre, selon la présidente du FN, le poulain des médias. «Ils se parent de morale, prétendent en rester à l'analyse des faits, hurlent à la liberté de la presse quand on les critique – c'est un droit fondamental pour la démocratie – et puis ils pleurnichent d'avoir perdu la confiance du peuple qui se tourne – et c'est légitime – vers internet pour s'informer», a-t-elle ajouté à leur sujet.
«Notre projet est en phase avec le monde»
Marine Le Pen entend par ailleurs «remettre la France en ordre en cinq ans, et pour cela, nous allons commencer par remettre l'Etat en ordre», ce dernier thème irriguant son heure de discours, scandé par de nombreux «On est chez nous !». Elle a en outre réitéré sa proposition d'instaurer un septennat non renouvelable à la place du quinquennat.
«Notre projet est en phase avec le monde, il entre en résonance avec le grand mouvement planétaire qui voit le réveil des peuples, le retour des frontières nationales et des fiertés nationales», a-t-elle lancé, en référence au Brexit ou à l'élection de Donald Trump. Au menu, notamment, une taxe à l'importation qui pourrait monter à 35% pour les entreprises qui délocalisent puis réimportent leurs produits en France.
Marine Le Pen s'en est par ailleurs pris aux «milices d'extrême gauche qui saccagent, brûlent et attentent à l'intégrité physique de nos policiers», alors qu'une manifestation la veille à Nantes avait ressemblé 2 000 à 3 000 personnes pour protester contre sa venue, émaillée par des heurts faisant onze blessés parmi les forces de l'ordre.
Le jour du meeting, plusieurs autocars transportant des militants frontistes ont été pris pour cible par une cinquantaine de militants anti-FN.
Marine Le Pen contre «le gouvernement des juges»
«L'Etat de droit est le contraire du gouvernement des juges [...]. Les magistrats sont là pour appliquer la loi, pas pour l'inventer, pas pour contrecarrer la volonté du peuple, pas pour se substituer au législateur», a également tancé la présidente du FN. Le Garde des Sceaux, Jean-Jacques Urvoas, avait a contrario estimé dans le JDD que «rien ne justifierait» une pause des enquêtes sur les candidats durant la campagne.
Un très proche de celle qui domine les sondages de premier tour de la présidentielle, Frédéric Chatillon, a été mis en examen dans une des enquêtes sur le financement des campagnes électorales du Front national, une décision judiciaire révélée samedi. Frédéric Chatillon a déjà été renvoyé devant le tribunal correctionnel pour répondre du financement de la campagne des législatives de 2012 avec notamment le FN et deux de ses dirigeants, Wallerand de Saint Just et Jean-François Jalkh.
Cette mise en examen de Frédéric Chatillon intervient alors que, parallèlement, l'enquête sur les soupçons d'emplois fictifs d'assistants de députés FN au Parlement européen, qui vise personnellement Marine Le Pen, s'est accélérée cette semaine, avec la mise en examen de sa cheffe de cabinet, Catherine Griset.
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