France

L’assistant parlementaire soupçonné d’apologie du terrorisme prend la parole et porte plainte

L'assistant parlementaire d'un sénateur PS, visé par une enquête pour apologie du terrorisme sur Facebook, dément vigoureusement les soupçons et va déposer plainte pour dénonciation calomnieuse, a déclaré le 24 février son avocat.

Si elle a été quelque peu éclipsée par la polémique des tweets injurieux de Mehdi Meklat et Badroudine Saïd Abdallah, chroniqueurs du Bondy Blog, la controverse entourant Yacine Chaouat tient tout de la polémique. Le 21 février, on apprenait que l’homme de 38 ans, assistant parlementaire du sénateur PS de Paris, Roger Madec, et conseiller du maire du XIXe arrondissement de la capitale, en charge des cultes, était sous le coup d’une enquête ouverte par le parquet de Paris pour apologie du terrorisme.

Selon Le Canard enchaîné, qui a révélé l'affaire, la page Facebook du jeune homme contenait notamment des appels au djihad et des images d'égorgements.

Signalement aux autorités

Le 24 février, son avocat, Maître Antoine Casubolo-Ferro, a annoncé que son client souhaitait porter plainte «en dénonciation calomnieuse».  «Tout cela vient d'une vengeance personnelle et le préjudice pour lui est très important», a-t-il ajouté.

Selon le conseil, il n'a été trouvée «aucune vidéo d'appel au djihad, aucune image d'égorgement» sur la page Facebook de l'assistant.

«Lorsque j'ai appris le 21 février qu'on me reprochait d'avoir "liké"  trois articles qui faisaient l'apologie du terrorisme, les bras m'en sont tombés», raconte pour sa part Yacine Chaouat , dans une interview donnée au Parisien.

«Après le choc, mon premier réflexe a été de vérifier si, parmi 153 pages en apparence anodines, ne se cachaient pas des contenus litigieux. Comme je n'en avais évidemment gardé aucun souvenir, j'ai recherché dans mon historique. Et je n'ai strictement rien trouvé», a-t-il ajouté.

«Je n'ai jamais été un admirateur de Daech ! Au contraire ! Ces djihadistes qui sèment la terreur et la mort ne sont pas musulmans», affirme-t-il. «Comment peut-on croire que j'ai relayé un message de ce type : "Les Juifs sont les dominateurs du monde"», s'est-il interrogé dans les colonnes du quotidien de la capitale.

La militante associative à l’origine du signalement aux autorités s’est confiée à L’Express : «Au début, il s'agissait de "likes" sur des posts antisémites et négationnistes. Puis des statuts en arabe que j'ai fait traduire et des images relevant de la propagande djihadiste.»

De son côté, l’assistant parlementaire met en avant un grief personnel soulignant qu’il ne souhaitait plus travailler avec cette militante : «Elle a commencé à surveiller mon compte Facebook», et aurait fait appel à la structure de déradicalisation de Farid Benyettou, ex-membre de la filière des Buttes-Chaumont et proche de Chérif Kouachi, l’un des auteurs de l’attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo «qui a tout fait pour envoyer des jeunes combattre en Irak». «Mon seul tort ? Accepter la démocratie, lance-t-il. [...] C'est ce même homme qui voudrait me faire passer pour un admirateur de Daech !».

Concernant Roger Madec, le boss de Yacine Chaouat, il dit faire confiance à la justice : «Je m'en remet à l'enquête préliminaire.»

Une précédente condamnation

Lors de son interview donnée au Parisien, l’assistant parlementaire a parlé de son rapport à l’islam : «Ma religion ne transparaît pas dans mon engagement politique au sein du Parti socialiste. Elle relève de la sphère privée.»

Lorsqu’en juin 2015, il avait été contraint à la démission de son poste de secrétaire national adjoint du PS en charge de l'intégration en raison de la polémique provoquée par la révélation de sa condamnation passée pour violences conjugales, Yacine Chaouat avait mis en avant «l’islamophobie» dont il aurait été victime.

Lire aussi : Le cadre du PS qui battait sa femme déplore l'islamophobie dont il est victime

«C’est avec tristesse que je constate que dans la France d’aujourd’hui, on a pas droit à une deuxième chance quand on est musulman», avait-il lancé l’époque. En 2012, ce dernier avait été condamné à six mois de prison avec sursis pour violences conjugales.

Quant à l’enquête dont il fait actuellement l’objet, elle a été confiée à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP).