Le garde du corps de Marine Le Pen, Thierry Légier, et son chef de cabinet Catherine Griset, visés par l'enquête sur des soupçons d'emplois fictifs des assistants du Front national au Parlement européen, ont été entendus sous le régime de la garde à vue, le 22 février par les policiers de l'Office anticorruption (OCLCIFF), a-t-on appris de source policière. Les auditions, confirmées par une source frontiste à l'AFP, ont lieu dans le cadre de l'enquête confiée par le parquet de Paris à des juges d'instruction depuis décembre.
Sur BFMTV, l'avocat de la candidate à l'élection présidentielle, Marce Ceccaldi a estimé que «l'instrumentalisation politique» de l'affaire était «évidente». Il a ajouté : «les garanties d'indépendance et d'impartialité des conditions dans lesquelles l'instruction est menée ne sont pas requises [...] Elles ne correspondent pas à un Etat de droit.»
Marine Le Pen dénonce les «cabales politiques»
Dans la matinée, la candidate FN à la présidentielle a réagi à ces informations, en dénonçant des «cabales politiques».
«Les Français savent exactement faire la différence entre les vraies affaires et les cabales politiques. Ils le savent pertinemment», a déclaré la présidente du FN à l'issue d'une visite du centre pénitentiaire de Meaux-Chauconin (Seine-et-Marne).
Le parquet de Paris avait ouvert une enquête préliminaire en mars 2015, avant de confier le dossier aux juges d'instruction. L'information judiciaire porte sur des délits présumés d'abus de confiance et recel, escroqueries en bande organisée, faux et usage de faux, et travail dissimulé.
De son côté, le gendarme antifraude de l'Union européenne, l'OLAF, a transmis en juillet dernier un rapport à la justice française.
Dans le cadre de l'enquête des juges d'instruction, une perquisition a eu lieu le 20 février au siège du FN à Nanterre, près de Paris. Une première perquisition avait eu lieu dans le cadre de l'enquête du parquet.
En parallèle, le Parlement européen réclame à Marine Le Pen, élue dans ses rangs, un total de 339 946 euros de salaires qu'il considère indûment versés à Thierry Légier, en 2011, et à Catherine Griset, de 2010 à 2016. Et ce au motif qu'ils n'auraient pas occupé les fonctions d'assistants pour lesquelles ils ont été payés sur des fonds publics européens. En l'absence de remboursement de la part de la candidate de l'extrême droite à la présidentielle, l'assemblée européenne devait commencer mi-février à recouvrer ces sommes en amputant de moitié l'indemnité de Marine Le Pen.
Le Parlement européen avait saisi la justice française en mars 2015 après les élections européennes de 2014 remportées par le FN en France. A cette époque, les soupçons portaient sur les conditions dans lesquelles étaient employés et payés 20 assistants d'élus frontistes au Parlement européen, car leurs noms apparaissaient aussi sur l'organigramme du parti en France. Des faits qui s'ajoutent aux dossiers concernant Thierry Légier et Catherine Griset.
Cette garde à vue survient alors qu'un autre candidat à l'élection présidentielle, François Fillon, fait l'objet d'une enquête pour des soupçons d'emplois fictifs dont aurait pu bénéficier son épouse, Penelope.