France

«Affaire Théo» : deux jeunes condamnés à six mois ferme pour violences à Aulnay-sous-Bois

Dans le contexte des violences à Aulnay-sous-Bois, deux personnes ont été condamnées à six mois ferme et trois à six mois avec sursis. Les manifestations en soutien à Théo, victime d'un viol présumé lors d'une arrestation, se poursuivent en France.

Deux jeunes ont été condamnés à Bobigny à six mois de prison ferme pour des faits «d'embuscades». Egalement jugés le 8 février, trois autres jeunes, poursuivis pour les mêmes faits, ont été condamnés à six mois de prison avec sursis. Un sixième prévenu, accusé de jets de pierre à l'encontre des forces de l'ordre, a été relaxé.

Onze mineurs, présentés au juge des enfants pour «embuscade», ont par ailleurs été placés sous le statut de témoin assisté.

Quatre autres jeunes seront jugés le 9 février, un pour «outrages et violences sur personne dépositaire de l'autorité publique», un autre pour «dégradation» et «outrages», deux pour «complicité de violences sur personne dépositaire de l'autorité publique», a annoncé le 8 février le parquet de Bobigny.

Dans la soirée du 8 février, trois à quatre cents personnes ont brièvement manifesté à Nantes, sous haute surveillance, contre les «violences policières et en soutien à Théo». Ils étaient 200 environ à Rennes. Quelques centaines de personnes se sont aussi rassemblées à Paris, pour la deuxième soirée consécutive, afin d'exprimer leur indignation.

Théo, jeune homme de 22 ans, dit avoir été victime le 2 février d'un viol avec une matraque lors d'une interpellation violente aux 3 000, une cité d'Aulnay-sous-Bois. Toujours hospitalisé en raison de graves blessures dans la zone rectale, il s'est vu prescrire 60 jours d'incapacité totale de travail (ITT). 

Un des quatre policiers impliqués dans l'arrestation a été mis en examen pour viol et les trois autres pour violences volontaires en réunion le 5 février. Les quatre ont été suspendus.

Après plusieurs soirées d'échauffourées à Aulnay-sous-Bois, une autre nuit de violence a eu lieu dans plusieurs banlieues d'Ile-de-France, principalement en Seine-Saint-Denis, notamment dans les villes de Neuilly-sur-Marne, Aulnay-sous-Bois, Bobigny et Clichy-sous-Bois.

26 personnes ont été interpellées dans la nuit du 8 au 9 février en Seine-Saint-Denis selon L’Express.

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Rapprocher police et population

Une vingtaine de véhicules ont été brûlés le 7 février, mais il y a eu peu d'affrontements avec les forces de l'ordre et peu d'agressions de policiers.

A Tremblay-en-France, une dizaine de personnes ont été intoxiquées au monoxyde de carbone après le jet d'un cocktail Molotov dans un bâtiment. Le poste de police municipale a également été endommagé. Un chauffeur de bus avait été légèrement blessé à l'occasion d'un jet d'objet incendiaire dans les environs de Clichy-sous-Bois.

En réponse à ces incidents, le ministre de l'Intérieur Bruno Le Roux a annoncé le 8 février à l'AFP qu'il allait «renforcer» les effectifs dans les quartiers et «doubler» les crédits dédiés à des actions concourant au «rapprochement police-population», en référence à un appel à projets lancé en 2015 et qui sera doté de 1,5 million d'euros, contre 1 million actuellement.

Le 7 février, François Hollande s'est rendu au chevet de Théo à l'hôpital, d'où ce dernier a appelé les jeunes de son quartier à ne «pas faire la guerre» et à «rester unis».

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En référence aux violences qui s'étaient produites les nuits précédentes dans sa cité, où des policiers menacés ont procédé à des tirs de sommation à balles réelles, le jeune homme a dit vouloir retrouver sa ville «comme il l'avait laissée».

Cet appel et la visite du chef de l'Etat ont eu un «impact» sur les habitants de la ville, a dit à l'AFP Nordine, 44 ans, qui vit aux 3 000. «Moi, j'en ai eu des frissons», a-t-il ajouté.

La jeune victime, fan de foot, qui portait un maillot de l'Inter Milan lors de la visite du chef de l'Etat, a été invitée le 8 février par le club italien à venir voir un match dès que son état de santé le lui permettrait.