«Je porterai plainte parce que c'est un coup», a déclaré à des journalistes le candidat à la primaire socialiste élargie, dans le train qui le ramenait à Paris. «L'acte physique est violent, ce n'est pas comme la farine», a-t-il souligné, en référence à un premier incident de campagne le 22 décembre à Strasbourg, où il avait été enfariné par un homme lui reprochant l'usage du 49-3. «Si vous laissez passer un acte de violence, si vous ne portez pas plainte, vous donnez l'impression que c'est possible», a fait valoir l'ancien Premier ministre.
Manuel Valls a été giflé par un jeune homme alors qu'il se trouvait à Lamballe, à une vingtaine de kilomètres de Saint-Brieuc. «Ici, c'est la Bretagne !», a lancé distinctement son agresseur, avant qu'un membre du service de sécurité ne le plaque au sol.
Remis à la gendarmerie de Lamballe, l'agresseur, âgé de 18 ans, a été placé en garde à vue pour «violences sur une personne chargée d'une mission de service public», a-t-on appris auprès du parquet de Saint-Brieuc.
Entre «dissidence», rastas, et nationalisme breton
Sur sa photo de profil Facebook, ce jeune homme, décrit par l'entourage de Manuel Valls comme «un jeune proche de l'extrême droite autonomiste bretonne», pose en faisant une «quenelle», geste inventé par le polémiste Dieudonné et parfois condamné par la justice au titre de l'antisémitisme, selon le contexte.
Fin 2013, Manuel Valls, alors ministre de l'Intérieur, s'était personnellement engagé contre Dieudonné, qui a été condamné à plusieurs reprises par la justice, notamment pour des propos racistes.
Sont ainsi «aimées» par le jeune breton quelques pages de la mouvance «dissidente», notamment incarnée par le polémiste Alain Soral et l'humoriste controversé.
Les mentions «j'aime» de son profil Facebook laissent aussi entendre un intérêt porté à la cause nationaliste bretonne. Mais, malgré la présence de l'ASDAV dans cette liste, organisation réputée d'extrême-droite, des militants de cette mouvance interrogés par le site Breizh-info affirment ne l'avoir jamais vu. «Il s’agit sûrement d’un Breton comme les autres qui n’a pas supporté la visite d’un des pires responsables politiques français sur ses terres», a déclaré l'un d'entre eux.
Malgré ces «likes» pouvant accréditer la version du Premier ministre, le jeune homme a semble-t-il d'autres centres d'intérêt bien éloignés des stéréotypes de l'extrême-droite. «PapaLocks, créas et soins des dreads», «Cannabis Social Club», groupes de reggae...
Au niveau judiciaire, la peine maximale encourue par le prévenu, toujours en garde à vue, est de trois ans de prison et 45 000 euros d'amende pour «violence volontaire sur personne dépositaire chargée d’une mission de service public».