France

Deuxième débat de la primaire de la gauche : l'obsession allemande ?

Les téléspectateurs ont-ils assisté, dimanche 15 janvier, à un débat de la primaire de la gauche... allemande ? C'est (en exagérant un peu) ce que l'on pourrait penser, à l'aune des innombrables références à l'Allemagne dans la bouche des candidats.

L'Allemagne comme modèle

A diverses reprises lors du deuxième débat de la primaire de la gauche, dimanche 15 janvier, l'Allemagne a été présentée comme un modèle, dans certains secteurs particuliers. Un choix surprenant pour des hommes politiques de gauche, alors que les rênes du pays sont depuis 2005 entre les mains d'une chancelière de centre-droit, Angela Merkel...

Le candidat à la primaire et président du Front démocrate Jean-Luc Bennahmias a ainsi loué la «proportionnelle intégrale» allemande, qu'il aimerait transposer aux chambres du Parlement français. De cette manière, «tous les courants seront représentés», s'enthousiasme-t-il.

Pour François de Rugy, c'est en matière migratoire que l'Allemagne mérite le respect des Français. D'après l'écologiste, Berlin a «pris ses responsabilités» en accueillant plus d'un million de migrants en 2015, alors que certains Etats de l'Union européenne (UE), comme la Hongrie par exemple, ont refusé les quotas de répartition des migrants souhaités par Bruxelles.

L'Allemagne comme repoussoir

La gestion allemande de la crise migratoire a tout autant servi de repoussoir. Manuel Valls a, en effet, brandi le chiffre d'un million et demi de migrants en Allemagne, qu'il a opposé aux 85 000 demandeurs d’asile en France (en 2016). Une manière de rappeler la supposée fermeté avec laquelle le gouvernement qu'il a dirigé a réagi à ce phénomène.

L'Allemagne a également fait figure de contre-exemple en matière énergétique, dans la bouche de Vincent Peillon : «La sortie du nucléaire amène l'Allemagne à avoir 30% d'émission de gaz à effet de serre en plus que nous, avec ses centrales à charbon [...] Il faut faire attention au coût de tout ça», a prévenu l'ex-ministre de l'Education nationale, dans une démonstration contre une sortie hâtive du nucléaire.

L'Allemagne, partenaire incontournable

Enfin, l'Allemagne a été présentée à maintes reprises durant le débat comme le partenaire essentiel, évident, de la France, en matière de Défense comme de construction européenne. Le fameux couple franco-allemand n'a pas manqué d'être évoqué par Jean-Luc Bennahmias, qui a regretté son déclin, ou par Sylvia Pinel, qui a appelé à son renforcement dans un souci d'indépendance vis-à-vis de l'Amérique de Donald Trump... Dans la même veine, François de Rugy a réitéré son souhait de former une alliance militaire franco-polono-allemande pour faire face non seulement au nouveau président américain, mais aussi à Vladimir Poutine.

Enfin, Vincent Peillon s'est inquiété de voir la France laisser croître ses dépenses publiques, craignant ainsi... de «fâcher les Allemands». Un souci sans aucun doute primordial pour les électeurs de le primaire de la gauche (française)...

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