La primaire de la «Belle alliance populaire» des 22 et 29 janvier prochains parviendra-t-elle à égaler le succès de la primaire de la droite, dont les deux tours, en novembre dernier, avaient suscité 8,7 millions de suffrages ? Officiellement, le Parti socialiste n'attend que 1,5 à deux millions d'électeurs et table donc sur une participation en forte baisse par rapport à sa primaire de 2011, qui avait attiré plus de quatre millions d'électeurs aux urnes.
En effet, si 42% des Français disent s'intéresser au scrutin selon un sondage Elabe-L'Opinion publié le 12 janvier, ils ne sont que 5% à être «certains» d'aller voter. Plus embêtant encore pour le Parti socialiste (PS), la désaffection des Français pour ce vote se constate y compris à gauche. Ainsi, les sympathisants du PS ne sont que 72% à se dire «intéressés».
Le bilan de François Hollande est-il en partie la cause de ce manque d'enthousiasme ? Un autre sondage, réalisé par YouGov, estime que 60% des Français souhaitent la victoire d'un candidat de «rupture» par rapport au chef de l'Etat et ils ne sont que 10% à souhaiter celle d'une figure s'inscrivant dans le sillage du Président. Là encore, la tendance n'épargne pas les propres rangs du PS, où seul un tiers des sympathisants veulent un candidat incarnant la continuité avec l'exécutif actuel.
Le fardeau de l'héritage Hollande
Le contexte dans lequel a lieu cette primaire de la gauche n'est pas optimal pour le PS, qui a dû faire face à plusieurs crises depuis le début du quinquennat de François Hollande. Divisés sur des questions de fond, les élus du parti le sont désormais aussi sur le choix de la personnalité qu'ils soutiennent - une division accentuée par le retrait in extremis de François Hollande de la course du fait d'une impopularité record.
Manuel Valls pourrait bien pâtir de sa proximité avec François Hollande, dont il a été le Premier ministre jusqu'à fin 2016. 60% des Français l'associent au bilan du Président. S'il continue d'être donné favori, il se voit rattrapé par ses deux principaux rivaux.
En effet, Arnaud Montebourg et Benoît Hamon souffrent moins de leur proximité avec François Hollande, dont ils ont pourtant également été ministres. Leur départ du gouvernement en 2014, survenu plus tôt et de manière plus brutale, semble bel et bien constituer un atout. Ils sont au coude-à-coude dans le sondage Elabe-L'Opinion, qui les donne tous deux à 24% juste derrière Manuel Valls à 31%. Paradoxalement, François Hollande connaît un léger regain de confiance par rapport au mois précédent, voyant sa cote de popularité remonter à 18%.
Le grand succès de la primaire de la droite, les très bonnes intentions de vote en faveur de Marine Le Pen, la popularité croissante d'Emmanuel Macron devenu personnalité politique préférée des Français selon YouGov, la percée de Jean-Luc Mélenchon... autant de facteurs qui fragilisent le candidat qui sortira victorieux du scrutin des 22 et 29 janvier. Dans tous les cas de figure, les sondages ne créditent le candidat de la gauche que de la cinquième place à la présidentielle et d'un score tournant autour des 10%.