«Il faut arrêter ce sport national de mise en cause des policiers», a lancé le ministre de l'Intérieur Bruno le Roux lors de l'émission Grand jury diffusée le 8 janvier sur RTL et LCI.
«Je ne partage absolument pas cette vision», a-t-il poursuivi, alors que l'organisation humanitaire Médecins Sans Frontières (MSF) avait accusé, la veille, les policiers de disperser parfois les migrants à coup de gaz lacrymogènes et de leur confisquer leurs couvertures, des «pratiques inacceptables» qui «mettent en danger» leur vie en plein hiver, selon l'ONG.
«Ce que font aujourd'hui les forces de police, c'est de la mise à l'abri de personnes qui sont vulnérables», a répliqué le ministre.
Le «travail» des policiers, «c'est de continuer à [le] faire, avec toute l'humanité qui est consubstantielle à [leur] responsabilité», a-t-il insisté. «C'est vrai, quelquefois, il peut y avoir une forme de contrainte à mettre à l'abri quelqu'un», a-t-il ajouté.
MSF dénonce des pratiques «inacceptables» contre les migrants
Dans un communiqué au ton virulent, MSF avait dénoncé le 7 janvier «la systématisation des violences policières qui ciblent les centaines de migrants parisiens en errance dans la capitale».
«Les policiers harcèlent les migrants en leur confisquant leurs couvertures, utilisant parfois des gaz lacrymogènes pour les disperser, allant jusqu'à leur interdire de s'asseoir dans la file d'attente du centre humanitaire de La Chapelle où ils attendent une place d'hébergement», avait affirmé MSF.
A Paris, un centre «de premier accueil» pour migrants a ouvert le 10 novembre. Plus de 2 200 hommes seuls y ont été hébergés depuis lors, pour une durée de cinq à dix jours, mais il affiche complet.
L'Etat et la Ville de Paris ont promis 200 places supplémentaires. Quant aux interventions de la police, elles sont destinées à «éviter la reconstitution de campements», a expliqué une source policière plus tôt dans la semaine.
Le centre d'accueil a été mis en place précisément pour mettre fin au cycle qui a vu s'enchaîner la création et le démantèlement d'une trentaine de campements dans le nord de la capitale depuis l'an dernier.