France

Vincent Peillon compare les musulmans en France aux juifs sous l'Occupation et déclenche un tollé

Le candidat à la primaire de la gauche a estimé que les musulmans étaient en France victimes d'une dérive de la laïcité, comme, selon lui, les juifs sous l'Occupation allemande. Les réactions indignées n'ont pas tardé à se faire entendre.

«C'était il y a quarante ans, les juifs, à qui on mettait des étoiles jaunes, c'est aujourd'hui nos compatriotes musulmans qu'on amalgame d'ailleurs souvent avec les islamistes.» La phrase, prononcée par le candidat à la primaire de la gauche Vincent Peillon sur France 2 le mardi 3 janvier en a fait bondir plus d'un. 

Invité à s'exprimer sur sa conception de la laïcité, l'ancien ministre de l'Education nationale de François Hollande a établi un parallèle avec l'Allemagne nazie , dénonçant le fait que «certains veulent utiliser la laïcité» comme «cela a été fait dans le passé, contre certaines catégories de populations il y a quarante ans». Outre l'inexactitude du propos (l'Occupation allemande ayant pris fin il y a plus de soixante-dix ans), la comparaison entre l'antisémitisme des années 1940 et l'islamophobie a suscité un petit tollé.

L'historien Eric Anceau rectifie le tir et parle d'une «falsification» de l'Histoire, rappelant que l'antisémitisme de l'époque n'était aucunement lié à la laïcité, «même dévoyée».

Roger Karoutchi, sénateur Les Républicains des Hauts-de-Seine, y voit une déclaration «grave».

Florian Philippot, dirigeant du Front national, parle d'une attaque très grave contre la laïcité.

Nicolas Dupont-Aignan, lui aussi candidat à la présidentielle, évoque un «dérapage odieux».

Le Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (CRIF) a quant à lui demandé des explications au candidat.

Face à l'ampleur prise par la polémique, Vincent Peillon a tenu à se justifier sur Twitter, expliquant qu'il avait voulu dénoncer «l'extrême droite, qui détourne des mots contre la population», mettant l’ambiguïté de ses propos sur le compte d'une «contraction de phrases».

La tentative de dénonciation d'une «dérive de la laïcité» de la part de Vincent Peillon s'inscrit dans une tentative de se distinguer des autres candidats à la primaire de la gauche, et particulièrement de Manuel Valls. Alors que ce dernier prônait une interdiction du burkini à l'été 2016, Vincent Peillon avait alors déclaré : «Cela n’a rien à voir avec la loi de 1905 ni avec l’idée même de la laïcité.»