Le procès de Christine Lagarde devant la Cour de justice de la République (CJR) – juridiction d'exception, composée de trois juges de la Cour de cassation, six députés et six sénateurs – s'ouvre lundi 12 décembre à 14h, a rapporté l'agence AFP, et devrait se prolonger jusqu'au mardi 20 décembre. L'actuelle directrice générale du FMI est accusée d'avoir permis, par sa «négligence», un détournement massif d'argent public au profit de l'homme d'affaires Bernard Tapie, lorsqu'elle était ministre de l'Economie du président Nicolas Sarkozy.
Si elle risque jusqu'à un an de prison et 15 000 euros d'amende, l'ex-membre du gouvernement français s'est dit «confiante» face à ce procès à la chaîne de télévision France 2, dans la soirée du dimanche 11 décembre. «La négligence est un délit non intentionnel. Je pense qu'on est tous un peu négligent quelque part dans sa vie», a-t-elle avancé.
Un nouveau volet de l'«affaire Tapie»
Il s'agit d'un nouvel épisode du conflit opposant Bernard Tapie et l'ancienne banque publique Crédit Lyonnais au sujet de la revente, en 1994, de l'équipementier sportif Adidas. En automne 2007, Christine Lagarde, alors ministre de l'Economie, avait autorisé que cette affaire soit réglée par une procédure privée d'arbitrage – un choix fait avec «légèreté», selon les enquêteurs de l'actuel procès de la dirigeante du FMI.
En juillet 2008, le tribunal arbitral en question avait donné raison à Bernard Tapie sur plusieurs points, condamnant le Consortium de réalisation (CDR, une structure d'Etat) à verser 403 millions d’euros à l'homme d'affaires, dont 45 millions d'euros à titre de préjudice moral.
Si Christine Lagarde n'est pas intervenue dans ce choix controversé des arbitres, les magistrats instructeurs de la CJR lui reprochent d'une part d'avoir donné des instructions pour accepter cette procédure, d'autre part d'avoir renoncé un peu vite à engager un recours contre cette décision.
L'arbitrage a néanmoins été annulé en 2015 au civil, contraignant Bernard Tapie à rembourser les 400 millions d'euros perçus. Une annulation validée le 30 juin 2016 par la Cour de cassation.
Outre Christine Lagarde, la CJR souhaite entendre les deux prédécesseurs de celle-ci à Bercy, Thierry Breton et Jean-Louis Borloo, ainsi que des figures de premier plan de la présidence Sarkozy : Claude Guéant, ex-secrétaire général de la présidence, et François Pérol, ancien conseiller économique de Nicolas.