France

Des femmes indésirables dans un café : la classe politique choquée par un reportage de France 2

Un reportage de France 2 diffusé mercredi 7 décembre a vivement fait réagir la classe politique et les internautes. Deux militantes y expliquent que les femmes sont personae non gratae dans les lieux publics de leur ville, images à l'appui.

Le reportage de France 2 tourné par Carole Sinz s'ouvre sur des images d'un café, des rues où on ne voit que des hommes. Deux militantes de l'association Brigade des mères expliquent qu'il n'y a plus de place pour les femmes dans l'espace public, «les hommes occupent les lieux et les femmes subissent».

En caméra cachée, elles rentrent dans un bar. L'accueil est glacial, l'un des hommes présent, visiblement interloqué, leur demande ce qu'elles viennent faire ici. Il leur indique qu'il n'y a pas de mixité dans ce café, ajoutant : «On est à Sevran, on n'est pas à Paris. T'es dans le 93, ici c'est une mentalité différente, c'est comme au bled.»  

Les militantes mettent en avant un problème de tradition, de culture mais aussi de religion : «L'islam, c'est comme le code pénal maintenant» assène l'une d'elle, «il ne faut pas faire ceci ou cela, tout est interdit.»  

Le reportage se poursuit à Lyon où un assistante maternelle affirme «qu'elle s'efface, qu'elle se fait la plus discrète possible parce qu'elle a peur». 

L'islam, c'est comme le code pénal maintenant, il ne faut pas faire ceci ou cela, tout est interdit

Au micro de France Info, la journaliste a tenu a expliquer qu'elle n'avait pas voulu stigmatiser les banlieues et qu'elle aurait aussi bien pu parler de certaines campagnes en France. Elle a conclu en affirmant que la question n'avait pas de couleur politique : «Des femmes de tous les bords politiques, du FN, d'extrême gauche, du PS ou de droite, manifestent et luttent contre la peur pour dénoncer la réduction de leurs libertés.»

Les nombreuses réactions sur Twitter tendent d'ailleurs à lui donner raison, de droite ou de gauche, les responsables politiques ont salué son travail et le courage des femmes qu'elle a filmé.

La députée Les Républicains (LR) Nathalie Kosciusko-Morizet apporte par exemple son soutien aux femmes qui résistent et dénonce la démission de l'Etat face au recul de la mixité.

Un avis partagé par l'ancienne secrétaire d'Etat Jeannette Bougrab qui est allée jusqu'à évoquer la fin de la mixité.

Valérie Boyer, la porte parole de François Fillon, n'a pas manqué de faire part de son effroi sur une situation qu'elle découvre.

Le vice-président du Front national, Florian Philippot, voit dans ce reportage le résultat de décennies de soumissions et place son parti en libérateur des femmes.

Nicolas Dupont-Aignan, le président de Debout la France, a martelé que l'égalité homme-femme ne pourra jamais être remise en question

Interrogée sur RTL, Axelle Lemaire, secrétaire d'Etat au numérique et à l'innovation, a estimé qu'il s'agissait de «faits intolérables, le café devrait fermer».

L'éditorialiste politique de BFM TV Apolline De Malherbe et la journaliste Françoise Laborde ont salué un «excellent reportage» qui «brise la loi du silence».

Les internautes ne sont pas en reste, se disant «choqués» ou encore trouvant le reportage «sidérant».

Certains appellent le maire de la ville à réagir et lui demandent de rappeler à l'ordre le patron du bar.

Des internautes ont pris le parti de tancer les responsables politiques, dressant un parallèle entre le reportage et la sous représentativité des femmes à l'Assemblée nationale.

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