France

Bernard Cazeneuve nommé Premier ministre, Bruno Le Roux le remplace à l'Intérieur

Le président de la République a nommé le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve à Matignon, après la démission de Manuel Valls, qui souhaite se consacrer à sa candidature à la primaire de la gauche organisée par le Parti socialiste.

«M. Manuel Valls a remis ce jour la démission du gouvernement au président de la République, qui l'a acceptée. Le Président de la République a nommé M. Bernard Cazeneuve Premier ministre et l'a chargé de former le nouveau gouvernement», a indiqué l'Elysée dans un communiqué du mardi 6 décembre, cité par l'agence AFP.

La veille, lundi 5 décembre, le locataire de Matignon Manuel Valls avait fait savoir qu'il allait poser sa démission afin de s'engager pleinement dans la primaire du Parti socialiste (PS), dans l'optique de l'élection présidentielle de 2017.

«Le choix de Bernard Cazeneuve est celui d'une personnalité qui a une grande expérience d'élu local et national et de l'Etat puisqu'il a exercé plusieurs fonctions ministérielles depuis 2012», a déclaré un proche du président de la République à l'agence AFP. «C'est aussi le choix d'un Premier ministre qui connaît très bien les questions de sécurité et de lutte contre le terrorisme qui sont les priorités de l'exécutif» a-t-il ajouté.

Le Roux à l'Intérieur, Vallini pour le Parlement et Le Guen au Développement et à la Francophonie

François Hollande a également nommé ce 6 décembre Bruno Le Roux au ministère de l'Intérieur, effectuant deux autres retouches dans un gouvernement pour le reste inchangé, avec un échange de portefeuilles entre André Vallini, nouveau secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement, et Jean-Marie Le Guen, au Développement et à la Francophonie.

Ces nominations ont été rendues publiques près d'une heure après celle de Bernard Cazeneuve à Matignon, où il succède à Manuel Valls pour les cinq derniers mois du quinquennat.

Un fidèle parmi les fidèles de François Hollande

Ministre de l'Intérieur depuis 2014, Bernard Cazeneuve figurait parmi les candidats crédibles à la succession de Manuel Valls. En effet, il a d'abord été ministre délégué aux Affaires européennes (2012-2013) puis ministre délégué au Budget (2013-2014). De plus, le désormais ex-occupant de la place Place Beauvau fait partie des plus proches fidèles du président Hollande.

Il est à noter qu'il dirigera l'action du gouvernement pour le laps de temps le plus court de l'histoire de la Cinquième République – cinq mois. Jusqu'à présent, le Premier ministre resté le moins longtemps en poste était Edith Cresson, sous la présidence de François Mitterrand. Son mandat avait duré une dizaine de mois, entre 1991 et 1992.

A l'issue du quinquennat Hollande, Bernard Cazeneuve envisagerait de mettre un terme à sa vie politique et de redevenir avocat au cabinet parisien August et Debouzy, pour lequel il avait déjà travaillé au cours des années 2000, d'après des informations rapportées par le journal L'Opinion début décembre.

Un ministre de l'Intérieur délaissant la place Beauvau en pleine grogne policière

Le désormais chef du gouvernement français quitte le ministère régalien de l'Intérieur dans un contexte délicat : d'une part, la menace terroriste continue à peser sur la France, après la vague d'attentats exceptionnelle ayant frappée le pays en 2015 et 2016. D'autre part, les rapports entre la Place Beauvau et les membres des forces de l'ordre ont atteint un niveau de tensions rare au court des derniers mois, à l'issue de la violente attaque aux cocktails Molotov de Viry-Châtillon de début octobre, ayant grièvement blessé deux policiers. Le drame, goutte d'eau faisant déborder le vase pour de nombreux policiers, a conduit ceux-ci à défiler dans les rues de Paris et d'autres villes du pays afin d'exiger de meilleures conditions de travail.

En réponse à ce mouvement, Bernard Cazeneuve avait annoncé le déblocage de 250 millions d'euros (notamment pour de nouveaux véhicules et équipements) et promis un texte législatif fin novembre portant sur la légitime défense des policiers, sans parvenir toutefois à apaiser la grogne policière. Le 3 décembre, en effet, des centaines de policiers avaient de nouveau manifesté dans plusieurs villes.

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