France

Une bourde musicale, le «grand mufti» et Poutine : les points forts du meeting de Juppé à Toulouse

Après un chauffage de salle assuré par Jean-François Copé et Nathalie Kosciusko-Morizet, Alain Juppé a défendu son projet à Toulouse, sans lésiner sur les attaques contre son rival François Fillon à quelques jours du second tour de la primaire.

C’est sur un riff de guitare électrique et sous les applaudissements d’un public en folie qu’est apparu Alain Juppé dans la salle Jean Mermoz, à Toulouse, le 22 novembre. Si l’entrée en scène avait de quoi faire penser à un concert de rock (les drapeaux français en plus), c’est avant tout le discours politique du challenger de la primaire de la droite que quelque 2 000 personnes étaient venues écouter.

Une «campagne dégueulasse»

Au programme, le maire de Bordeaux s’en est une nouvelle fois pris à son rival qu’il affrontera dans les urnes le 27 novembre. «J'observe que depuis quelques jours, les soutiens d'extrême droite affluent pour l'équipe Fillon-Sarkozy, qui reconstitue le tandem de 2007-2012», a-t-il lancé devant ses partisans, leur laissant le soin de siffler copieusement les noms de l’ancien président français et de son Premier ministre d’alors.

On m'a baptisé Ali Juppé, grand mufti de Bordeaux

Réitérant ses attaques sur le programme économique jugé «brutal» de François Fillon, Alain Juppé a ensuite déploré le tournant qu’avait pris la campagne, accusant ses adversaires de l’avoir dénigré avec virulence : «J'ai subi des attaques personnelles ignominieuses. Sur les réseaux sociaux, on a laissé entendre que j'avais financé la plus grande mosquée d'Europe, qui n'existe pas. Puis on m'a baptisé Ali Juppé, grand mufti de Bordeaux. Et la dernière couche de calomnie, ce sont mes liens avec le salafisme. [...] Ces messages ont fait des dégâts, et j'ai des témoignages de gens qui ont changé leur vote, car impressionnés par cette campagne dégueulasse.»

Se tournant vers un tout autre sujet, régulièrement évoqué pendant la campagne, Alain Juppé a ensuite développé sa vision des relations franco-russes, alors qu’au même moment, dans un discours à Lyon, François Fillon appelait à un partenariat entre Paris et Moscou.

«J'ai trois vérités à dire à Monsieur Poutine. 1. On n'annexe pas un pays voisin en négation de toutes les règles internationales, c'est ce qu'il a fait sur la Crimée. 2. Quand on signe des accords, comme à Minsk pour rétablir la concorde en Ukraine, on les respecte ! 3. Ce qui se passe au Proche-Orient est abominable, notamment en ce qui concerne les chrétiens d'Orient. La priorité des priorités, c'est l'éradication de l'Etat islamique. Et après, qu'est-ce qu'on fait ? On rétablit Bachar el-Assad ? Il n'y aura pas de retour à la paix si nous restaurons Bachar el-Assad sur son trône, c'est ce que nous dirons à la Russie», a martelé le maire de Bordeaux.

Et soudain… la Marseillaise !

Mais alors que le candidat à la primaire de la droite s’exprimait tout en sérieux, l’hymne national français a été lancé par erreur, l’interrompant au beau milieu d’une phrase.

Là, y'a un peu d'avance. Merci Michel

Ce bug technique n’a pas semblé troubler le candidat qui a souri et plaisanté : «En général, ça prend cinq minutes de retard. Là, y'a un peu d'avance. Merci Michel.» Avant de reprendre son discours, il s’est retourné et, faisant dans l'autodérision, a demandé au technicien : «Ça veut dire que vous en avez assez ?»

NKM et Copé chauffent la salle

Parmi les spectateurs du discours, on retrouvait deux candidats malheureux au premier tour de la primaire de la droite et du centre, Nathalie Kosciusko-Morizet et Jean-François Copé.

Je suis le seul à avoir fait mentir les sondages en faisant moins de 1%

Au cours d’un discours prononcé avant l’entrée en scène d’Alain Juppé, ce dernier, qui a réalisé un score décevant de 0,3% des voix, n’a pas hésité à jouer la carte de l’autodérision, sous les rires de l’assemblée : «Je suis le seul à avoir fait mentir les sondages en faisant moins de 1% !»

Reprenant son sérieux, l’ancien président de l’UMP a déclaré qu’il y a plusieurs années, ils étaient «nombreux à espérer la rupture» qui leur «avait été promise par Nicolas Sarkozy et François Fillon», avant d’être déçus par le fait que les 35 heures ne soient pas supprimées et que les effectifs de police soient baissés. «Je n’ai pas hésité une seconde lorsqu’il s’est agi de choisir [Alain Juppé]» , a confié Jean-François Copé avant de laisser le pupitre à son ancienne rivale.

«Je pense que c’est toi qui peux porter aujourd’hui ce projet de nouvelle France», a pour sa part lancé Nathalie Kosciusko-Morizet à l’attention du Bordelais. Rappelant que ce dernier l’avait parrainé pour qu’elle participe à la primaire de la droite et du centre, «NKM» a réaffirmé son soutien à Alain Juppé, estimant que celui-ci était à même de défendre le pays face aux «conservatismes de droite et de gauche».

En fin de soirée, le meeting du candidat, qui se présentera au second tour de la primaire de la droite le 27 novembre s’est achevé sous les applaudissements et par… la Marseillaise. Mais cette fois avec le bon timing ; merci Michel.

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