France

Les mairies de Guyane ferment leurs portes pour protester contre l'insécurité

Les mairies guyanaises ont été fermées au public le 15 novembre en signe de protestation contre «l'insécurité» dans ce territoire. David Riché, maire de Roura (30 km de Cayenne) et président de l'Association des maires de Guyane l’a confirmé.

«Je suis à la mairie d'Iracoubo [120 km de Cayenne] qui est fermée. C'est un mouvement suivi par toutes les mairies. En l'état, on ne m'a pas signalé de cas de mairie n'ayant pas suivi le mouvement. A Saint-Laurent du Maroni [à la frontière avec le Suriname], à Saint-Georges [frontière avec le Brésil], à Kourou, à Cayenne notamment, c'est fermé», se félicite David Riché. Le maire de Roura est pleinement satisfait de l’ampleur du mouvement. Celui qui est aussi président de l'Association des maires de Guyane fait partie des instigateurs d’une opération qui vise à fermer les mairies de ce département d'Outre-mer situé au nord-est de l'Amérique du Sud pour protester contre la violence qui le ronge.

Revenant sur l'assassinat, à son domicile et dans des circonstances non établies, le 8 novembre, de Patrice Clet, ancien conseiller général et cadre du parti Walwari auquel appartient également l'ex-garde des Sceaux, Christiane Taubira, David Riché a déclaré : «C'est un mort de plus. Notre mouvement vise à montrer notre solidarité face à un problème qu'on n'arrive pas à résoudre.»

L’action est symbolique. Afin de ne pas gêner outre-mesure le fonctionnement de l’administration, des dispositions ont été prises. «Les hôtels de ville sont fermés au public mais les agents des mairies travaillent. Les écoles restent ouvertes, les crèches également, les citoyens accusent suffisamment le coup», explique David Riché.

En signe de solidarité, la Collectivité territoriale de Guyane et la Chambre de commerce ont aussi gardé portes closes.

Déjà 38 homicides depuis le début de l’année

Le meurtre de Patrice Clet, le dernier en date d’une macabre série, a fait réagir les autorités. Le 14 novembre, un escadron de 72 gendarmes est arrivé sur le territoire. Déployé «principalement sur Cayenne et ses environs, il visera à renforcer la proximité entre zone police (Cayenne) et zone gendarmerie. L'objectif est d'endiguer la délinquance violente armée de type Amérique du Sud diurne et nocturne», explique-t-on à la gendarmerie.

Le maire de Roura ne se satisfait pas pleinement de ce déploiement de moyens. Selon lui, il «doit être replacé dans un contexte de départ de [32 gendarmes] mobiles [en septembre] pour la Guadeloupe suite à un meurtre là-bas, puis à la non-venue d'un escadron prévue en octobre».

Il souhaite que les autorités s’attaquent aux racines du problème : «On a donc momentanément un escadron. Mais il faut non seulement s'occuper des poux mais des lentes, en prenant à bras le corps le développement économique, la lutte contre le chômage.»

Et d’après son analyse, une amélioration de la situation passera forcément par le front économique : «Aujourd'hui, ouvrir un salon de coiffure ne va pas résoudre le problème, il faut des projets industriels. Et c'est l'Etat qui a les leviers. Le projet de mine d'or Columbus, on peut le critiquer, mais ce sera 3 000 emplois pendant 10 ans.»