«Je veux souligner tous les risques que la démagogie et l’extrémisme font courir à la démocratie», a déclaré dans un communiqué Alain Juppé, peu après l'annonce de la victoire du candidat républicain à l'élection présidentielle américaine. Au cours des derniers mois, les déclarations fracassantes de Donald Trump avaient provoqué de nombreuses levées de bouclier non seulement au sein de la classe politique et médiatique américaine, mais aussi française.
Visiblement inquiet du triomphe surprise du milliardaire, le maire de Bordeaux a établi un parallèle entre celui-ci et les menaces qui pèseraient sur les idéaux républicains de la France – menaces portées, doit-on comprendre, par le Front national (FN) et par les éléments du parti Les Républicains (LR) favorables à un glissement vers la droite de celui dernier. «Plus que jamais, j’appelle au rassemblement et à la mobilisation de tous ceux qui se font "une certaine idée" de la République et de la France», a ainsi lancé l'ancien ministre des Affaires étrangères, qui avait souligné, ces derniers jours, son attachement à l'alliance traditionnelle de la droite dite «républicaine» et du centre – UDI et Modem.
Le message du peuple américain exprime le refus d’une pensée unique qui interdit tout débat
Des propos, on ne peut plus opposés à la réaction de Nicolas Sarkozy, pourtant membre du même parti qu'Alain Juppé. L'ex-président de la République a en effet vu dans l'arrivée au pouvoir de Donald Trump un vent de liberté dont les responsables politiques français devraient s'inspirer. «Le message du peuple américain exprime le refus d’une pensée unique qui interdit tout débat sur les dangers qui menacent nos nations», a ainsi twitté l'ancien chef de l'Etat, qui patine actuellement dans les sondages de popularité caractérisant la prochaine primaire de la droite et du centre.
Une position qui tranche, en outre, avec le souhait émis par le même Nicolas Sarkozy sur Europe 1, fin septembre, de voir la candidate démocrate à la Maison Blanche l'emporter...
Mariani sabre le champagne, NKM fait la moue
La fracture que dessine la victoire de Donald Trump au sein du Parti Les Républicains se manifeste également dans les propos avancés par d'autres responsables du parti, dans la matinée du mercredi 9 novembre. Alors que Nathalie Kosciusko-Morizet a rappelé sur les ondes d'Europe 1 la «nette préférence» qu'elle avait eue pour Hillary Clinton, le député des Républicains Thierry Mariani s'est félicité du résultat du scrutin, évoquant pour RT «une belle leçon d’indépendance et de démocratie». Il a en outre tweeté que son café du mercredi matin [le 9 novembre] avait un goût de champagne...
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