Le long SMS de Rachida Dati à Brice Hortefeux était censé rester privé. Mais l’ex-ministre de l’Intérieur ayant été placé sur écoute par les enquêteurs, il a été intercepté et révélé par le site de Médiapart, qui a publié des extraits du dossier d'instruction.
Le texto date du 9 septembre 2013. Alors qu’elle se trouve à l’époque dans une situation conflictuelle avec Brice Hortefeux, Rachida Dati n’hésite pas à qualifier ce dernier de «facho» et de voyou … avant de mentionner de manière tout à fait explicite «de l’argent liquide» prétendument perçu par le bras droit de Nicolas Sarkozy «pour organiser des RDV avec ce dernier lorsqu’il était président».
Les transactions en «cash», Rachida Dati en parle également lorsqu’elle évoque les relations de Brice Hortefeux avec l’homme d’affaire Ziad Takiedine, l'intermédiaire mis en examen dans l'affaire Karachi, qui porte sur des soupçons de rétrocommissions sur des contrats d'armement avec le Pakistan et l'Arabie saoudite, pour financer la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995 et dont Nicolas Sarkozy était alors le principal lieutenant.
Le texto révélé par Médiapart est pour le moins explicite :
- «Salut le facho, [...] Soit tu me lâches soit je vais déposer l’assignation qui date de deux ans dans laquelle tu figures avec d’autres pour atteinte à ma vie privée et écoutes illicites [...]»
- «De plus, je vais dénoncer l’argent liquide que tu as perçu pour organiser des rdv auprès de Sarko lorsqu’il était président, des relations tout aussi liquides que tu as eues avec Takieddine, l’emploi fictif de ton ex à la Caisse d’Epargne grâce à Gaubert [...], et je peux continuer avec les avantages que tu as eus et as encore à l’UMP à l’insu de ceux qui paient.»
En copie de ce SMS virulent figure nul autre que Nicolas Sarkozy, dont le directeur de cabinet, Michel Gaudin, tente alors de joindre Rachida Dati. Mais lui aussi est sur écoute et la conversation tombe une nouvelle fois dans les oreilles des enquêteurs, comme l’explique Médiapart.
- «Il faut que tu fasses gaffe quand même… Envoyer des messages pareils… », lance Michel Gaudin à Rachida Dati. «Mais parce que c'est la vérité !», répond la maire du 7e arrondissement de Paris avant de poursuivre :
- «Ce que j'ai mis dans le texto, je l'ai fait, je l'ai fait à dessein parce que c'est vrai. […] Il prenait des rendez-vous chez Sarko, et il faisait payer les gens. D'ailleurs, il m'a pas répondu parce qu'il sait que c'est vrai. Et sa bonne femme qui a été recrutée à la Caisse d'Epargne par Gaubert, c'est vrai aussi.»
Contactés par Médiapart, les deux protagonistes restent évasifs sans pour autant nier en bloc
Y voyant un scoop, les journalistes de Mediapart ont souhaité entrer en contact avec les deux anciens ministres. Si la maire du VIIe ne nie pas l'existence des propos tenus dans le SMS qu’a publié Médiapart, elle relativise : «Des conneries à Hortefeux, j’en ai envoyées». Brice Hortefeux affirme quant à lui, «se souvenir d’attaques [à son encontre de la part de Rachida Dati], mais pas ce SMS».