Les négociations entre le gouvernement et les syndicats de police de la semaine dernière ne sont toujours pas parvenues à venir à bout du mouvement de protestation nocturne des policiers, initié à la suite d'une attaque violente aux cocktails Molotov contre des représentants des forces de l'ordre dans l'Essonne, mi-octobre.
Cette fois, dans la soirée du 1er novembre, les agents de la capitale se sont réunis devant la pyramide du Louvre, dans le 1er arrondissement.
D'après les témoignages de personnes présentes sur place, le nombre de fonctionnaires qui s'étaient rendus à cette dixième mobilisation oscillait entre 300 et 350.
En civil, parfois avec un brassard orange «police», les manifestants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire «la police à bout de souffle», «touche pas à ma police» ou «je suis flic et fier».
Des patrouilles de passage ont activé leur sirène en solidarité avec le rassemblement, provoquant les acclamations des manifestants.
Une dizaine de manifestants ont symboliquement brûlé des feuilles de papier marquées «carte syndicale», avant de partir en cortège dans les rues de Paris.
«Les syndicats ont négocié en notre nom mais sans nous. On veut être reçu par le gouvernement. On continuera jusqu'à ce que nous soyons entendu, nous petits policiers de la rue», a ensuite lancé un frondeur au mégaphone lors d'une halte devant la préfecture de police.
«Le gouvernement a voulu s'acheter la paix en mettant de l'argent, ça avance mais il faut qu'il comprenne que le malaise est profond. Il faut que tous les policiers soient unis, et les syndicats sont trop souvent du côté du pouvoir. Ils pensent à eux avant l'intérêt général», a expliqué un gardien de la paix du Val-de-Marne sous couvert d'anonymat.
Des sapeurs-pompiers ont rejoint les rangs des policiers en colère – certains n'hésitant pas à faire usage des sirènes de leur véhicule de fonction pour afficher leur soutien au mouvement.
Les manifestants pouvaient également compter sur l'appui d'un retraité ayant tenu à exprimer sa solidarité avec les forces de l'ordre...
... mais aussi d'un chien, qui arborait lui aussi un brassard de police et répondait au nom de Tsuka.
Comme il est désormais de coutume dans les rassemblements policiers de ce type, une «Marseillaise» a été entamée dans la cour du palais du Louvre.
Des slogans plus politiques et assez classiques ont également été scandés, tels que : «Cazeneuve t'es foutu, la police est dans la rue !»
Le 1er novembre à Bordeaux, une trentaine de policiers ont mené une brève action coup de poing à la mi-journée. Un cortège d'une dizaine de voitures de service, sirènes enclenchées, se sont garées face au Grand Théâtre, en plein cœur piétonnier. Les fonctionnaires, en uniforme pour la plupart, se sont postés en cordon face à leur véhicules durant cinq minutes environ avant de repartir en cortège.
Le 31 octobre au soir, environ 500 personnes, dont la moitié environ de policiers, s'étaient également rassemblées à Béziers (Hérault).
Depuis le 17 octobre, des policiers se revendiquant apolitiques et hors syndicats ont manifesté pour réclamer plus de moyens, des peines plus sévères envers leurs agresseurs et une révision des règles de la légitime défense.
Pour tenter de calmer cette mobilisation, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a annoncé le 26 octobre une enveloppe de 250 millions d'euros pour un renouvellement du matériel, la fin des «tâches indues» comme les gardes statiques devant les bâtiments, l'alignement des sanctions pour «outrages» à l'encontre des forces de l'ordre avec celles des magistrats qui passera donc de six mois à un an d'emprisonnement et des mesures pour préserver l'anonymat des policiers dans le cadre des procédures ou en intervention.