Réunis en session plénière à Strasbourg le 25 octobre, les eurodéputés ont levé l'immunité parlementaire de Jean-Marie Le Pen. Ils ont accédé à la demande de la justice française qui souhaite le poursuivre pour incitation à la haine raciale après les propos qu'il a tenus concernant le chanteur Patrick Bruel.
Les députés européens ont suivi l'avis de leur Commission des affaires juridiques. Cette dernière avait estimé que les propos en cause ne s'inscrivaient pas dans le cadre des fonctions de l'eurodéputé d'extrême droite. La Commission avait également souligné que l'immunité d'un parlementaire européen «ne l'autorise pas à calomnier, diffamer, inciter à la haine ou à proférer des affirmations portant atteinte à l'honneur d'une personne».
Jean-Marie Le Pen, âgé de 88 ans, s'en était pris en juin 2014 dans une vidéo diffusée sur le site internet de son parti, le Front national (FN), aux artistes engagés contre ce parti, tels Guy Bedos et Madonna. Alors qu'on lui avançait le nom de Patrick Bruel, de confession juive, il avait ajouté : «Ecoutez, on fera une fournée la prochaine fois !»
Cette phrase avait suscité des critiques virulentes au sein même du FN. Marine Le Pen, sa fille, estimant qu'il s'agissait d'une «faute politique». Louis Aliot, l'un des vice-présidents du parti d'extrême droite, avait qualifité le choix de ce terme de «stupide politiquement et consternant». «Le mot fournée que j'ai employé n'a évidemment aucune connotation antisémite, sauf pour des ennemis politiques ou des imbéciles», avait réagi Jean-Marie Le Pen. «S'il y a des gens de mon camp qui l'interprètent de cette manière, c'est que ce sont des imbéciles!», avait poursuivi le co-fondateur du Front national.
Le président du Parlement européen, Martin Schulz, a par ailleurs annoncé le 25 octobre avoir reçu et transmis à la Commission des affaires juridiques une demande de levée d'immunité concernant Marine Le Pen. Elle lui a été adressée par le parquet de Nanterre en banlieue parisienne. Selon une source au Parlement européen, cette demande est liée à une enquête pour «diffusion d'images violentes» ouverte contre la présidente du Front national après qu'elle a diffusé sur son compte Twitter en décembre 2015 des photos d'exactions perpétrées par l'Etat islamique. Elle avait indiqué qu'il s'agissait d'une réponse à un journaliste qu'elle avait accusé d'avoir dressé un «parallèle» entre son parti et l'organisation terroriste. L'examen de cette demande peut prendre plusieurs mois.