France

Affrontements dans la Jungle de Calais un jour avant l'expulsion des migrants (PHOTOS, VIDEOS)

Depuis deux jours, les échauffourées se multiplient entre migrants et forces de l'ordre. En cause : l'expulsion dans quelques heures de la lande, occupée depuis des mois par des milliers de réfugiés qui espèrent rejoindre l'Angleterre.

Le camp de migrants dit la «Jungle», à Calais, le plus grand bidonville de France, vit ses dernières heures avant son évacuation qui débutera le 24 octobre. Le processus a du reste démarré dès la veille, avec l'intensification des tournées d'information des migrants qui ont pour but de les convaincre de partir.

Les photos et vidéos de notre correspondant permettent de saisir les tensions liées à l’événement.

Sur ce site immense d'une dizaine d'hectares, où s'entassent entre 6 400 et 8 100 personnes selon les estimations, le mot «évacuation» était sur toutes les lèvres, dès la matinée brumeuse et glaciale.

Le 23 octobre, en début de soirée, des heurts sporadiques se sont à nouveau produits entre migrants et forces de l'ordre sur la rocade portuaire et à l'intérieur du bidonville, comme cela avait été le cas la veille.

Ces incidents, relativement fréquents depuis l'ouverture du camp, ont provoqué la colère et l'exaspération des Calaisiens.

Surenchère des No Border 

Les migrants ne sont pas le seul souci des forces de l'ordre. Ces dernières doivent en effet faire face aux nombreux militants qui se seraient infiltrés dans le camp, malgré les efforts de la police et des moyens considérables déployés pour ne laisser entrer personne.

Selon 20minutes, près de 200 militants altermondialistes se sont pré-positionnés dans la Jungle, pour en découdre avec les quelques 1 200 gendarmes et policiers déployés pour l'occasion.

 

Les No Border ont par ailleurs appelé leurs followers sur leur site à prendre les armes, incitant à répondre par la violence à l'évacuation.

Ces derniers jours, les militants altermondialistes ont également tenté de mobiliser les migrants qui ne veulent pas quitter Calais pour les inciter à résister à l'évacuation. Ils ont même transformé un abri situé en haut d’une butte en «tour de guet». «Ils ont essayé de faire croire aux migrants que c’était une œuvre d’art», explique à 20minutes Gilles Debove, responsable du syndicat de police SGP-FO dans le Calaisis. «Mais les migrants ne sont pas stupides. Ils ont compris et ils ont fini par les virer de cet abri», souligne l'intéressé.

Pourtant, différents moyens ont été mis en place pour éviter les débordements et les interférences : un arrêté du tribunal a ainsi établi que seules les personnes accréditées pourraient se rendre dans la lande - les agents de police, fonctionnaires de l'office de l'immigration et journalistes. Ces derniers sont venus nombreux, ils sont plus de 500 à être venus couvrir le démantèlement du camp. 

A cause des tensions qui règnent sur le site, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve s'est rendu à plusieurs reprises sur place ces derniers mois, de même que François Hollande, venu assurer le 27 septembre dernier que la Jungle serait démantelée «complètement». Le président de la République et son ministre n'ont néanmoins jamais précisé la date.

A partir du 24 octobre, des bus viendront chercher les migrants et les déplaceront jusque dans les centres d'accueil temporaires qui leur seront attribués. Ceux qui refuseront de partir seront arrêtés et déportés.

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