Le patron des policiers ne croit «pas du tout» qu’il y ait «la patte» du Front national (FN) derrière le mouvement de colère de la police française, comme l'a déclaré le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, le 23 octobre.
«C’est au départ un mouvement spontané. Je ne crois pas que le FN soit derrière tout cela», juge Jean-Marc Falcone, précisant toutefois que si le mouvement devait durer, il n'excluait pas qu’il soit victime d’une récupération politique.
Interrogé dans le Journal du Dimanche (JDD) pour savoir si les quatre policiers blessés lors de l'attaque au cocktail Molotov du 8 octobre à Viry-Châtillon (Essonne), auraient pu tirer sur leurs agresseurs, le directeur général de la police nationale (DGPN) répond: «Oui, sans problème».
«On les attaque, on les empêche de sortir de leur voiture, on menace de les brûler, à mon sens tous les éléments constitutifs de la légitime défense étaient engagés. Ils auraient tout à fait pu tirer», estime-t-il.
Le patron des policiers n'est «pas favorable à ce stade» à une révision des règles de la légitime défense, comme le réclament les policiers en colère qui manifestent depuis le 17 octobre, et les syndicats.
«Quant à changer les textes actuels [sur la légitime défense], on peut toujours y réfléchir mais je n’y suis pas favorable à ce stade, considérant que les règles d’emploi des armes ont été récemment élargies par la loi du 3 juin 2016», renforçant la lutte contre le crime organisé et le terrorisme.
Concernant la question des charges dites «indues», comme les gardes statiques de palais de justice ou de préfectures et de détenus à l'hôpital dont les policiers ne veulent plus, «ils ont raison ! Je leur dis qu’il faut revoir les missions», assure le patron des policiers, précisant notamment que la garde de détenus hospitalisés «mobilise 300 policiers».
Au sujet des critiques des membres de la police contre la justice, il estime que cette dernière «doit mieux expliquer ses décisions ou ses orientations de politique pénale aux policiers». Ces derniers «ont le sentiment que la justice n’apporte pas de réponse à la hauteur de ce qu’ils vivent», selon lui.
Jean-Marc Falcone prévient les policiers qu'il est «hors de question de manifester devant le ministère de l’Intérieur et l’Élysée. Mercredi et jeudi soir [les 19 et 20 octobre 2016], il y a eu des tentatives. Si cela devait aller plus loin, chacun prendra ses responsabilités».
Quant à la suite du mouvement, le patron des policiers est «très prudent», cela «peut durer». «Je vois bien que les syndicats eux-mêmes sont inquiets, se sentent débordés», dit-il, assurant qu'à «aucun moment» il n'a «pensé à démissionner».
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