«Les Casques blancs et le Comité civil d’Alep font chaque jour l’impossible dans cette ville martyre, face au déferlement de violence. Leur action a permis de sauver des dizaines de milliers de vies», indique l’Elysée, dans son dossier de presse consacré à cette visite.
La veille, c'était à l'assemblée nationale que l'ONG recevait un accueil et une ovation quasi unanime. «La France ne vous abandonnera jamais, elle sera toujours à vos côtés, au nom de la liberté, au nom de la conception des droits de l'Homme, au nom des combats que la France a toujours menés», leur avait chaleureusement déclaré Manuel Valls.
Polémique
Malgré l'euphorie, ces hommages officiels ne sont pas du goût de tout le monde. «Rien que ça», soupire Pierre Lellouche. En commission, le député LR s’est agacé du geste du président envers les casques blancs, étant donné leur refus de mentionner les combattants djihadistes, appelés à la rescousse en septembre par certaines brigades rebelles qui tentent de briser le siège d’Alep.
Le député «s’interroge» par ailleurs sur la représentativité de cette délégation, qui comprend une autorité politique – Hagi Hasan Brita, président du comité civil d’Alep – et un médecin qui a quitté la ville en août. «Qui représentez-vous ? Qui vous finance ?», a demandé Pierre Lellouche.
Pierre Lellouche n'est pas le seul à s'interroger sur la légitimité de l'ONG et à s'interroger sur ses sources de financement. D'autres députés comme Gérard Bapt (PS) et Jacques Myard (LR) ont eux aussi exprimé des doutes quant à la transparence de l'organisation.
Selon Le Monde, Jacques Myard ressent ainsi un «malaise» par rapport à ces honneurs officiels, tout comme Gérard Bapt, qui confie qu'il «vit très mal» ce qu’il considère comme «une opération de communication», vouée à éclipser, dit-il, les souffrances des quartiers ouest d’Alep.
Financement étranger
Interrogé par la correspondante de RT, Abdulrahman Al Mawwas, le vice-président des casques blancs syriens reconnait des financements et un soutien de pays étrangers.
«Nous ne nous cachons pas, nous reconnaissons que nous recevons des financements de la part des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne, de l'Allemagne ou encore des Pays-Bas» a-t-il confié, précisant que l'aide occidentale ne se limitait pas à de l'argent, mais aussi à des équipements, tels que du matériel et des véhicules d'aide et de recherche.
Abdulrahman Al Mawwas a en revanche farouchement nié toute affiliation politique de son organisation, expliquant que les Casques Blancs étaient un groupe de volontaires indépendants venus de Syrie.
L'indépendance en question
Une déclaration, qui ne convainc pas tout le monde. Vanessa Beeley, journaliste et chercheur indépendante, connue pour s'être personnellement rendue en Syrie et notamment à Alep, à ainsi expliqué à RT que les Casques Blancs ne pouvaient pas décemment être appelés une ONG, puisqu'ils sont une organisation multimillionnaire financée par plusieurs pays membres de l'OTAN qui ont tout intérêt à ce qu'un changement de régime ait lieu en Syrie.
«Nous les voyons être reçus en grande pompe par les plus hautes figures du gouvernement français, comme le premier ministre», ajoute la journaliste, insistant et répétant à nouveau que les Casques Blancs ne peuvent se dire indépendants, à partir du moment où ils sont soutenus par des pays ayant des intérêts en Syrie. Selon elle, le fait que les Casques Blancs aient demandé à plusieurs reprises que soit instaurée une zone d'exclusion aérienne au dessus de la Syrie est la preuve qu'ils suivent l'agenda occidental.
Vanessa Beeley a par ailleurs souligné que les casques blancs sont actifs seulement dans les zones contrôlées par Al-Qaïda et Daesh.
Se voulant rassurant, Abdulrahman Al Mawwas, de son côté, a tenu a balayer les soupçons sur son organisation, accusée d'être liée à des groupes terroristes. «Ce ne sont que des mots» assure-t-il, réaffirmant que son organisation a uniquement une vocation humanitaire, et que depuis 2013, ses membres sont parvenus à sauver 70 000 personnes.
Des vidéos diffusées sur internet ont suggéré que le groupe pourrait néanmoins avoir des connections avec des organisations terroristes telles que Al-Nosra. Sur une vidéo, il semblerait que des Casques Blancs aient participé à l'exécution d'un civil.
D'ailleurs Raed Saleh, leur chef, reçu ente autres à l'Elysée, s'est par ailleurs vu interdire d'entrée aux Etats-Unis en avril 2016, mais a été autorisé à y revenir en septembre. Embarrassé par ces révélations, le porte parole du Département d'Etat, Mark Toner, avait été contraint d'expliquer que l'interdiction initiale de territoire était justifiée par le fait que les Casques Blancs étaient suspectés d'avoir des liens avec des groupes extrémistes.
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