Le groupe socialiste et la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, à l'initiative de sa présidente, Elisabeth Guigou, «ont voulu exprimer le soutien de la France en invitant une délégation de Casques blancs à venir témoigner du martyr d'Alep».
«Le combat pour sauver Alep, c'est le combat de la France. Vous pouvez compter sur elle, même si c'est difficile [...] Vous pouvez compter sur elle pour exiger un cessez-le-feu et pas une trêve de quelques heures», a scandé Manuel Valls, faisant allusion à la trêve humanitaire décidée par la Syrie et la Russie.
Claude Bartolone, le président de l'Assemblée, a également tenu à saluer «la présence dans les tribunes d'une délégation de citoyens de la ville d'Alep».
Compter sur la France «pour dire encore une fois à la Russie – qui est un grand pays – que ce pays assume pleinement ses responsabilités [...] il faut que ces crimes sur Alep cessent», a-t-il exhorté, évoquant la situation à Alep, sans toutefois préciser s'il faisait référence à l'ouest d'Alep, sous contrôle des troupes régulières syrienne et bombardées par les «rebelles» islamistes ou de la partie est où se sont retranché ces mêmes rebelles.
Les «Casques blancs» ne font pas l'unanimité dans la classe politique française. Ainsi, le député Les Républicains Jacques Myard s'interroge sur les allégeances des Casques blancs, qui, pourtant, ont été pressentis pour recevoir le prix Nobel de la paix 2016.
Une «ONG» médiatique et financée par les Etats-Unis
Les Casques blancs font l'objet de nombreux articles de louange dans la presse occidentale et, notamment, française. L'Express, par exemple, un des médias du groupe Numéricable-SFR qui compte aussi, entre autres Libération, BFM TV et RMC, titrait ainsi en novembre 2015 : «Syrie : qui sont les "Casques blancs", héros anonymes de la guerre ?».
Et tandis que le géant américain de l'audiovisuel en ligne Netflix leur a consacré un documentaire diffusé en septembre 2016, les équipes du Quotidien, l'émission de Yann Barthès sur TMC, consacrent ainsi de nombreuses séquences à la très médiatique ONG.
Mais l'impartialité des Casques blancs, qui se présentent comme une «ONG neutre, impartiale et humanitaire», peut être remise en question. En effet : les Etats-Unis les financent à hauteur de 100 millions de dollars et le gouvernement britannique à hauteur de 65 millions.
Proximité avec les groupes terroristes
D'après Vanessa Beeley, journaliste et chercheuse indépendante, les Casques blancs ne sont déployés que dans «les régions contrôlées par les terroristes» auxquels «ils fournissent des soins médicaux» et «acheminent des équipements par la Turquie».
Ils ont été filmés participant à l'exécution d'un civil à Alep. «Ils diffusent des vidéos, sur leurs pages et leurs réseaux sociaux : des exécutions de soldats et de civils arabes», relève la journaliste.
L'affirmation selon laquelle les Casques blancs revendiquent ne pas porter les armes est également sujette à caution. Il existe des photos montrant leurs membres portant des armes et célébrant les victoires militaires de l'organisation terroriste du Front al-Nosra, rebaptisée Front Fath al Sham.
Les Casques blancs bénéficient aussi des subventions de l'US AID, organisation humanitaire considérée comme très proche du renseignement américain, à hauteur de 23 millions de dollars. Le dirigeant actuel de l'ONG, Raed Saleh, a été expulsé des Etats Unis en 2016, après avoir été soupçonné de relations avec des groupes islamistes. Ce dernier a pourtant pu rencontrer le secrétaire d'Etat John Kerry en septembre dernier.
Alexandre Keller