Alain Juppé - Nicolas Sarkozy : un partout. Bruno Le Maire a remis la balle au centre après avoir taclé Nicolas Sarkozy tout autant qu'Alain Juppé. Ce dernier n'appréciant pas tellement qu'on lui rappelle ses anciens démêlés judiciaires avait rétorqué ce 10 octobre à Ruth Elkrieff, sur BFMTV, qu'en «matière judiciaire, il vaut mieux avoir un passé qu'un avenir», manière de décocher une flèche à Nicolas Sarkozy rattrapé par l'affaire Bygmalion.
D'une pierre deux coups
Mais c'était sans compter le coup de billard à trois bandes de Bruno Le Maire, qui semble avoir là trouvé un angle d'attaque en renvoyant dos à dos les deux candidats en tête dans les intentions de vote à la primaire de la droite et du centre : «Le mieux est de n'avoir ni passé ni avenir judiciaire», a fait valoir le «troisième homme» dans les sondages, et qui a fait de l'obligation d'avoir un casier vierge pour se présenter aux suffrages l'un de ses chevaux de bataille et thème de campagne.
Thème plutôt confortable pour Bruno Le Maire qui n'a fait, lui, l'objet d'aucune condamnation alors que ses deux rivaux ont déjà eu maille à partir avec la justice. Alain Juppé a en effet été condamné en janvier 2004 par le tribunal correctionnel à 18 mois de prison et une peine de dix ans d'inéligibilité pour abus de confiance, recel d'abus de biens sociaux et prise illégale d'intérêt, en tant que secrétaire général du RPR, l'ancêtre de l'UMP et du parti Les Républicains, et considéré alors comme étant au centre du système d'emplois fictifs de la mairie de Paris mais aussi les appels d'offres et les attributions de marchés aux entreprises privées. En clair : du clientélisme.
Quant à Nicolas Sarkozy, qui aime à le rappeler, n'a jamais été condamné, mais est ou a été impliqué dans un nombre impressionnant de procédures, ce dernier a rétorqué à Alain Juppé, par la voix de sa porte-parole Catherine Vautrin, que le «le mieux, c'est de n'être pas condamné». L'ambiance s'échauffe pour le moins à l'approche du premier débat entre les sept candidats de la primaire.
Nadine Morano à la rescousse
Et Nadine Morano, bonne pâte et toujours fidèle à Nicolas Sarkozy – «Ce n'est même pas la peine qu'il songe à se présenter à la présidentielle, je le dézinguerai» menaçait-elle par dépit en 2015 après avoir été évincée de la liste aux élections régionales par Nicolas Sarkozy après ses propos sur la «race blanche» – a volé au secours de son mentor en qualifiant Alain Juppé de «certifié coupable».
Il n'en reste pas moins que Bruno Le Maire a joué un coup gagnant, même si l'ordre du tiercé de la primaire, alors qu'Alain Juppé distance nettement Nicolas Sarkozy dans les intentions de vote, ne devrait pas en être chamboulé.
Lire aussi : Alain Juppé «emmerde» ceux qui le trouvent trop conventionnel