France

Fichés S : Bernard Cazeneuve exclut de transmettre les noms aux maires

Le ministre français de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, refuse de transmettre aux maires les noms des fichés S vivant sur leur commune, comme certains le demandent, invoquant la nécessité de la confidentialité pour les enquêtes.

Le ministre français de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a confié dans un entretien publié dans l'édition du 9 octobre du Journal du dimanche (JDD) que les fichés S étaient «surveillés et non judiciarisés, ce qui indiquait que leur dangerosité n'était pas avérée» et que pour des raisons juridiques, «la communication d'une fiche S était impossible».

«Cette confidentialité est aussi la condition de l'aboutissement des enquêtes», a-t-il poursuivi en évoquant l'arrestation de 355 personnes en lien avec des réseaux terroristes depuis janvier 2016. 

«D'un autre côté, nous devons trouver un dispositif qui permette d'associer les maires au processus de prévention et de déradicalisation [sans obérer] l'efficacité des services de renseignement, ce que les élus, dans leur immense majorité, comprennent très bien. Nous le faisons», a assuré le ministre.

«Par contre, vouloir placer en détention des individus qui n'ont commis aucun crime au seul motif qu'ils ont retenu l'attention des services, c'est inefficace et contraire à la Constitution et aux valeurs de la République», a-t-il réaffirmé.

Nicolas Sarkozy, candidat à la primaire de la droite pour la présidentielle, a annoncé le 7 octobre que s'il était réélu président il organiserait, le jour du second tour des législatives, un référendum sur «la mise en internement administratif des fichés S les plus dangereux»

«Nos efforts paient dans la lutte antiterroriste», lui a répondu Bernard Cazeneuve. «On estime à moins d'une vingtaine le nombre de ceux qui ont réussi à quitter notre pays depuis le début de l'année. Actuellement, 17 mineurs combattants français en zone irako-syrienne sont recensés», a-t-il ajouté. 

Le ministre de l'Intérieur a également dénoncé l'attitude de certains à droite sur l'accueil des migrants.

«Quand des présidents de région invitent la population à se révolter contre les préfets pour que des migrants relevant de l'asile – c'est le cas de 80 % des gens de Calais – ne soient pas accueillis dans des conditions dignes, et qu'en même temps ils demandent le démantèlement de la jungle  de Calais, ils ne sont pas seulement démagogues, ils sont surtout irresponsables», a-t-il conclu.

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