France

«On se battra jusqu'au bout» : les «Alsthommes» mobilisés pour sauver leur usine

Pour soutenir leurs collègues de Belfort, les salariés d'Alstom sont appelés à faire grève et à manifester au siège du groupe, alors que le gouvernement poursuit les discussions pour tenter de sauver l'usine.

Au son des cornes de brumes, quelque 300 salariés de l'usine menacée de quasi-fermeture, habillés en gris et rouge avec leurs vestes siglées «Alstom», ont embarqué à l'aube en gare de Belfort à bord d'un TGV spécialement affrété par l'intersyndicale (CFE-CGC, CGT, CFDT, FO). 

Pour Olivier Kohler, délégué CFDT du site, le «symbole est très fort : le TGV est un produit qui est sorti des usines d'Alstom et qui est le fruit du travail des salariés d'Alstom».

Après une halte à Besançon, pour embarquer une centaine de salariés d'Alstom Ornans (Doubs), le train est arrivé à la gare de Lyon, à Paris, à 8h37. 

Le rassemblement devant le siège du groupe à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) est prévu à 11h. Entre «1 000 et 1 500 personnes» sont attendues, selon un des organisateurs.

Le but de cette journée est «de dire qu'on n'est pas morts, qu'on est encore là et qu'ils ne vont pas nous jeter comme ça», explique sur le quai à Belfort Florian Jardinier, délégué Force ouvrière.

Les 9 000 salariés du groupe appelés à faire grève

Les syndicats ont appelé à la grève les 9 000 salariés du groupe en France pour défendre l'usine de Belfort, berceau historique du constructeur où 400 emplois sur 480 sont menacés, et plus généralement «le maintien de tous les sites Alstom Transport en France». A Belfort, plusieurs milliers de personnes ont déjà manifesté le 24 septembre pour soutenir «les Alsthommes».

Des rassemblements sont aussi prévus le 27 septembre au Creusot, à Tarbes, Villeurbanne et Reichshoffen, selon la CGT.

Le PDG Henri Poupart-Lafarge a fait face le 26 septembre aux représentants du personnel, pour la première fois depuis que le groupe a annoncé, il y a bientôt trois semaines, son projet d'arrêter la production de trains à Belfort d'ici à deux ans, faute de commandes.

Mais ce Comité central d'entreprise extraordinaire a été «une réunion pour rien», selon des représentants syndicaux : le PDG «s'est retranché derrière les discussions actuelles avec le gouvernement» et «ne nous a rien appris de nouveau».

Un dossier empoisonné pour François Hollande

A sept mois de l'élection présidentielle, l'avenir du site de Belfort est devenu un enjeu politique national, d'autant que l'Etat possède 20% du capital d'Alstom. 

François Hollande a fait de son maintien un «objectif». Le dossier est empoisonné pour le président, après la promesse non tenue de maintenir les hauts-fourneaux de Florange, en Lorraine, au début du quinquennat.

Mais si «Belfort est dans la lumière, [...] chez nous ça ne va pas fort non plus», a souligné Jean-Philippe Ducarne délégué syndical CGT de l'usine Alstom de Petite-Forêt, près de Valenciennes (1 200 employés), dont près de 80 salariés devraient se joindre à la manifestation de Saint-Ouen.

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