«Nous devons démanteler complètement, définitivement le camp» a martelé le président lors de son allocution, affirmant qu'il fallait «assumer ses devoirs mais aussi prendre ses responsabilités».
Des mots au parfum de déjà-vu : samedi 24 septembre, François Hollande avait déjà affirmé sa volonté de «démanteler Calais entièrement» et assuré que la France ne serait «pas un pays de campements», à l'occasion d'une visite à Tours dans l'un des 164 centres d'accueil et d'orientation (CAO) ouverts pour accueillir les migrants évacués de Calais et de Paris.
Si le président a tenu à rassurer sur les centres d'accueil, affirmant qu'ils ne seraient pas mis en place pour «plus de trois à quatre mois», il a néanmoins rappelé que le gouvernement comptait sur la solidarité nationale pour résoudre la crise migratoire, et reloger les migrants de la Jungle... Une position déjà défendue depuis plusieurs semaines par le ministre de l'Intérieur, qui lors de sa visite à Calais début septembre, avait appelé les communes à accueillir les migrants de Calais, affirmant que le problème n'était «pas insurmontable».
Autre doublon flagrant : la dénonciation de la récupération politique. Quand François Hollande annonce que le gouvernement prendra, «autant qu'il est possible, une distance par rapport à des instrumentalisations ou des polémiques qui, d'ailleurs, tournent le dos aux principes des valeurs de la République», le président fait là aussi, écho aux propos tenus précédemment par Bernard Cazeneuve.
Lors de sa visite à Calais le 7 septembre, ce dernier avait en effet déjà dénoncé «les positions, les peurs provoquées, l'instrumentalisation politique des migrants», avertissant que le démantèlement ne pourrait être mis en œuvre que «dès lors que l'instrumentalisation du sujet de Calais à des fins politiques [...] cesse[rait]».
Une visite très attendue
En réitérant sa volonté de fermer la Jungle, et de replacer ses habitants dans des centres d'accueil répartis sur tout le territoire, François Hollande a réaffirmé la ligne du gouvernement. «Notre conviction, c'est que sur ce sujet, il est possible de faire appel à la raison des gens. Ce sont des sujets d'une très grande complexité, d'une très grande sensibilité mais, derrière les surenchères politiques, le brouhaha médiatique, il est possible d'expliquer les choses», confiait l'Elysée à l'AFP, quelques heures avant l'allocution présidentielle, annonçant un «discours d'équilibre» du chef de l’Etat.
Si Nicolas Sarkozy l'a devancée de quelques jours, la visite de François Hollande n'en restait pas moins très attendue, tant la question du sort des réfugiés est problématique. En se contentant de saluer longuement le travail des forces de l'ordre et des agents de contrôle aux frontières, et en arguant qu'il n'y avait pas de solidarité sans autorité, le président a flirté avec la ligne de son prédécesseur, sans répondre véritablement aux attentes de la population.
En visite à Calais quelques jours avant lui, Nicolas Sarkozy avait en effet lui aussi rappelé l'importance des contrôles aux frontières. «Si les frontières restent des passoires, dans six mois, je reviens à Calais et ce sera la même chose», avait-il justifié.
Le chef de l'Etat a rencontré les forces de l'ordre, les élus, ainsi que des chefs d'entreprises et des acteurs associatifs, qui tous attendent des réponses. François Hollande ne s'est néanmoins pas rendu au campement de la Jungle, où entre 7 000 et 10 000 personnes vivent dans des conditions désastreuses, selon différentes sources.