S'agissait-il d'une proposition perfide ? A la question d'une journaliste de France Culture concernant les candidats qui éprouvaient des difficultés à obtenir des parrainages, Louis Aliot a affirmé : «Oui, sans problème. Si nous avons nous-mêmes assez de signatures, nous parrainerons Jean-Luc Mélenchon, s'il en a besoin».
Dans la foulée, se faisant subitement charitable, Florian Philippot s'est également dit prêt à parrainer le candidat de gauche. «Bien sûr, tout candidat représentatif l'est, et Jean-Luc Mélenchon l'est, comme Nicolas Dupont-Aignan, ou d'autres, doit pouvoir être candidat. Sinon, nous ne sommes plus vraiment en démocratie», a indiqué le vice-président du Front national (FN).
Créer le «beeeeuuuuuuzzzzz»...
Le candidat du Front de Gauche (FdG) n'a pas tardé à disqualifier la proposition, la qualifiant de «bobard», s'en prenant vivement aux médias qu'il a accusés de faire le jeu du FN en accréditant la thèse, selon lui fausse, de la «porosité» des électorats du FdG et du FN, à savoir la facilité avec laquelle des électeurs dits d'extrême gauche seraient susceptibles de passer au FN. «Et ça vous [les médias] fait une louche de plus pour servir la soupe de la dédiabolisation du FN», a vitupéré Jean-Luc Mélenchon, comparant les journalistes à «une grappe de mouches vrombissantes plus caricaturales que nature» dont la seule ambition serait de créer le «Beeeuuuuz» (le buzz).
Le 18 septembre, le Parti de gauche, dont Jean-Luc Mélenchon est l'ancien patron, a dénoncé le lancement de la campagne du FN et de Marine Le Pen en vue de 2017 dans un communiqué intitulé «Sous le ravalement, un patrimoine fasciste».
Le Front national ne connaît plus les difficultés de parrainage
Il paraît loin le temps de la quête difficile des parrainages pour les candidats du FN. Avec les succès électoraux le parti de Marine Le Pen, contrairement aux précédents scrutins présidentiels, a «déjà quasiment» l'ensemble des 500 parrainages d'élus nécessaires pour concourir à l'élection présidentielle de 2017, avait indiqué fin mai Florian Philippot. Un effet du vivier d'élus locaux acquis lors des divers scrutins depuis 2012.
Quant à Jean-Luc Mélenchon, il avait dénoncé fin août la Ve République, «monarchie présidentielle» qui «nous conteste le droit de nous présenter à la présidentielle» en imposant un parrainage de 500 signatures d'élus. Ce candidat pour 2017 et député européen en avait quelque 200.
Pour la première fois, après l'adoption d'une loi en avril, le Conseil constitutionnel publiera la liste intégrale des élus ayant parrainé un candidat. Il publiera aussi, deux fois par semaine, la liste des nouveaux parrains, pour éviter tout faux suspense des candidats sur leur quête des 500 signatures.