France

Formation des imams, surveillance des prisons... la France muscle son dispositif contre-terroriste

Tandis que Manuel Valls veut un «pacte» avec l'islam de France, Bernard Cazeneuve veut lui se battre sur le terrain des mots et des idées. Dès la rentrée, les imams seraient ainsi formés pour répondre aux discours extrêmes.

Pour lutter contre la radicalisation et l'extrémisme, le ministre de l'Intérieur souhaite que les imams prêchant en France puissent disposer d'éléments de langage et d'argumentaires prêts à l'emploi. Bernard Cazeneuve a fait cette annonce après avoir reçu Anouar Kbibech, président du CFCM, le Conseil français du culte musulman, institution créée en 2003 sous l'impulsion de Nicolas Sarkozy pour incarner un «islam de France».

Encadrer les prêches des imams

Le CFCM se voit confier la mise en place du dispositif, et un financement public de l'opération est également prévu. Son président Anouar Kbibech, après avoir rencontré le ministre de l'Intérieur place Beauvau, a annoncé que le conseil théologique du CFCM se mettrait au travail dès la rentrée, ce afin de fournir des argumentaires destinés, selon lui, à «démonter tout l'argumentaire djihadiste». Le ministre de l'Intérieur a pour sa part martelé qu'«il n'y a pas de place en France pour ceux qui dans des salles de prière ou dans des mosquées appellent et provoquent à la haine».

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Le ministre de l'Intérieur a par ailleurs rappelé que depuis décembre 2015, une «vingtaine» de mosquées et salles de prières considérées comme «radicales» ont été fermées.

Une formation pour les aumôniers musulmans dans les prisons

Selon le président du CFCM, les aumôniers musulmans qui interviennent dans les prisons bénéficieront aussi d'une formation «civique». «Nous sommes assis sur une bombe à retardement», s'alarme Adeline Hazan, contrôleur général des «lieux de privation de liberté» – à savoir les prisons – qui jouent un rôle important dans les parcours de radicalisation. Les petits délinquants y trouvent l'opportunité de tisser leurs premiers liens avec les islamistes incarcérés qui mettent à profit leur temps d'incarcération pour recruter d'éventuels futurs djihadistes.

La prison, lieu de radicalisation et de recrutement ?

On estime entre 50 à 60% la proportion de détenus musulmans pour les quelque 67 000 détenus que comptent les prisons françaises. Depuis 2012, 82 personnes de nationalité française ont été condamnées pour des faits de terrorisme, tandis que 154 terroristes présumés attendent leur procès en détention provisoire. Les autorités judiciaires et pénitentiaires se retrouvent ainsi devant un dilemme : les terroristes sont certes mis hors d'état de nuire en prison, mais les centres pénitentiaire se transforment ainsi, selon une expression du Wall Street Journal, en «incubateurs» de futurs terroristes et de prêcheurs djihadistes. Selon le journal qui cite des sources gouvernementales, quelque 1 000 détenus suspectés de radicalisation seraient sous surveillance des autorités pénitentiaires.

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