Nous avons demandé à des hommes politiques et à des experts français de différents bords de répondre aux questions suivantes :
1. Pourquoi les terroristes ont-ils choisis comme cible une petite église de province, pas une cathédrale dans une grande ville ?
2. Faudrait-il maintenant mettre des forces de sécurité devant les églises, comme c'est déjà le cas pour les synagogues, les écoles juives et les mosquées ?
3. Les mesures de sécurité sont à un très haut niveau, néanmoins on voit toujours de nouveaux attentats. La situation va-t-elle changer après cette attaque ?
Philippe de Villiers, candidat aux élections présidentielles de 1995 et 2007, fondateur du parti «Mouvement pour la France» :
C’est l’âme de la France qui a été blessée
1. Ce nouveau meurtre porte deux nouveautés en lui-même : avant ils s'attaquaient à des policiers, à des passants, des estivants, mais maintenant on s’attaque à des fidèles. Ce n’est pas simplement telle ou telle catégorie, pas forcément les forces de l’ordre, c’est l’âme de la France qui a été blessée, qui est meurtrie aujourd’hui. Ça va plus loin : un prêtre égorgé ici en Occident rappelle ce qui est arrivé aux chrétiens d’Orient. Les chrétiens d’Orient ont été éradiqués. Il y avait la lettre N sur leur maison [le N de l’alphabet arabe (le «noun») nous renvoie au terme «Nazaréen» par lequel les chrétiens sont désigné dans le Coran. Cette lettre a été choisie par Daesh pour marquer les maisons des chrétiens persécutés en Irak] et ils ont dit les chrétiens d’Orient : vous n’avez rien fait pour nous et vous n’avez pas compris que ce qui nous arrive, demain pourrait vous arriver. Donc en fait l’islamisme a une stratégie en deux temps : le premier temps – éradiquer les chrétiens d’Orient, et maintenant – éradiquer les chrétiens d’Occident, ceux qu’ils appellent les infidèles.
Un prêtre égorgé ici en Occident rappelle ce qui est arrivé aux chrétiens d’Orient
Cet attentat de Rouen comporte un symbole : [ce prêtre] c’est le premier martyre de l’islamisme, en toute crainte, hélas, qu’il y en ait d’autres.
Ce matin j’entendais monseigneur Dubost, un évêque français, qui disait : «Il faut plus que jamais continuer d'aller à la rencontre de l’autre», mais ces gens-là sont irresponsables, ils sont complices, parce qu’avec le fameux dialogue interreligieux, ils ont instillé chez les chrétiens, chez les Français, qu’en vérité il n’y avait pas de problème de violence avec l'islam. Or, on sait maintenant qu’il y a un vrai problème avec l’islamisme, sachant que la conquête est dans l’ADN de l’islam. La conquête ? C’est le passage de Dar al-islam au Dar-el-Harb. Les assassins de Normandie qui ont égorgé le prêtre répondent donc à un plan d’ensemble : il s’agit d’islamiser le monde et d’installer le califat sur tout l’Occident.
Il n’y a qu’une solution : celle de la nation en armes
2. Il n’y a qu’une solution : [celle de] la nation en armes. Il faut que chaque Français réfléchisse et se dise : le pas d’amalgame n’est plus de saison. «Cela n’a rien à voir avec l’islam !» Ah bon ? D’accord. Enfin, ils ne sont pas bouddhistes, les meurtriers !
La France, tu l’aimes ou tu la quittes
Il faut regardez la réalité en face, avec lucidité, et prendre des mesures immédiates : c’est-à-dire enfin rétablir les frontières de la France, arrêter le flux migratoire, imposer chez nous le credo de l’assimilation : «La France, tu l’aimes ou tu la quittes.» Et on attend de nos gouvernants – ceux-là ou d’autres – qu’il fassent leur examen de conscience, parce qu’en fait ils ont du sang sur les mains.
Maintenant les Français vont se réveiller, ouvrir les yeux
3. Je pense que c’est un nouveau tournant et le début d’une prise de conscience. Pendant des années et des années, les médias et les élites françaises ont expliqué : pas d’amalgame, il n’y a pas de problème, cela n’a rien à voir avec l’islam, ce sont des déséquilibrés, des loups solitaires. Ils ont tenté une opération à la psychiatrisation du terrorisme. Cela ne fonctionne plus. Depuis ce matin c’est fini, parce qu’un prêtre égorgé cela veut dire que c’est le christianisme qui est directement en première ligne, n'en déplaise aux évêques et au pape François qui avait choisi de ramener des musulmans depuis l’île de Lesbos plutôt que de ramener des chrétiens, pour j’imagine avoir un surcroît de popularité.
Maintenant les Français vont se réveiller, ouvrir les yeux et ils ne vont plus supporter ce discours.
Thierry Mariani, député des Français de l'étranger (Les Républicains), ancien ministre des Transports :
D’abord, on éprouve de l’horreur devant un tel crime : un homme de religion inoffensif a été assassiné à l’arme blanche dans une église. D’après les religieuses qui sont sorties, les criminels auraient prononcé des formules islamistes «Allahu akbar». Le plus dramatique, c’est que petit à petit la France s’installe dans le terrorisme et l’insécurité. Je crains que tout cela finisse très mal, parce que si les faits se confirment, c’est un acte ouvertement dirigé contre la communauté catholique, perpétré par un extrémiste islamiste. Je pense que tout cela va exacerber finalement le conflit.
C’est l’exemple type de la lâcheté
1. On n’en sait rien, et d’ailleurs pourquoi ils ont choisi de faire une attaque un mardi matin quand il n’y a pas beaucoup de fidèles dans les églises, personne ne le comprend. Si vous voulez une attaque spectaculaire avec beaucoup de gens, vous venez dimanche. Quand vous le faites mardi, vous êtes sûr que le prêtre est quasiment tout seul. C’est l’exemple type de la lâcheté. Je crois qu’il faut attendre des informations sur la personnalité des assaillants afin de comprendre pourquoi cette église et pas une autre. A un moment en France le gouvernement devrait rendre des comptes, on en est quand même désormais au sixième ou au septième attentat, et cela devient un problème de responsabilité politique.
Il n’y a pas de protection possible
2. C’est impossible. Le vrai problème c’est qu’il n’y a pas de protection possible, on ne peut pas mettre des gardes près de chaque église catholique, protestante, juive, de chaque école catholique, protestante, juive. La communauté musulmane doit aussi se prendre en mains et mettre de l’ordre chez elle.
3. On a dit ça après Charlie Hebdo, après le Bataclan, après Nice, on dit ça aujourd’hui. Est-ce que ça va changer ? Cela a déjà changé. Aujourd’hui, ces attentats à répétition avec, sans faire d’amalgame, des criminels issus de la communauté islamiste, posent quand même problème en France.
Jérôme Lambert, député de la Charente (Parti socialiste) :
N’importe quel acte de terrorisme, avec la propagande et l’effet médiatique qui s’en suivent, produit le même effet
1. Il semblerait d’après les premières informations que l’un des deux terroristes habite la commune, il s’est donc attaqué à un endroit où il vivait. Ensuite, je crois que la stratégie de Daesh est de porter le terrorisme partout, ce n’est pas limité à une grande ville ou un grand centre symbolique. N’importe quel acte de terrorisme, avec la propagande et l’effet médiatique qui s’en suivent, produit le même effet que si ça se passe dans une grande ville, à la campagne ou dans des petites communes. Simplement, les terroristes frapperont là où la sécurité leur semble la moins organisée.
Ce n’est pas en faisant de la protection statique qu’on lutte contre le terrorisme, mais en allant chercher les terroristes là où ils sont.
2. C’est impossible, nous avons 36 000 communes et peut-être 40 000 églises en France et 100 000 policiers. Ce qu’il faut c’est empêcher les terroristes de nuire en les détectant à l’avance et évidemment en les punissant, en les enfermant, en les empêchant de venir. Ce n’est pas en faisant de la protection statique qu’on lutte contre le terrorisme, mais en allant chercher les terroristes là où ils sont.
Le risque zéro n’existe pas malheureusement
3. On est à un niveau de sécurité maximal, nous sommes en état d’urgence, nous avons voté des lois permettant à la police et à la justice [d’utiliser] des moyens d’enquête tout à fait nouveaux par rapport à la situation d’il y a quelques années. Maintenant il faut que cette politique réussisse. Un terroriste peut se cacher au milieu de centaines de millions de personnes. Tant qu’il n’est pas détecté, il peut agir et le risque zéro n’existe pas, malheureusement. La France a mis des moyens nécessaires, le maximum, mais dans une guerre il arrive parfois de perdre quelques batailles.