France

Valls suscite une polémique en appelant «à vivre avec la menace terroriste»

En ouverture du débat à l'Assemblée nationale sur la prolongation de l'état d'urgence, le Premier ministre a déclaré que la France connaîtrait d'autres attentats, obligeant la société à s'adapter à la vie sous la menace djihadiste.

«Je ne laisserais jamais dire qu'il y a des failles là où il n'y en a pas», a martelé Manuel Valls devant l'Assemblée nationale, dans la soirée du 18 juillet, avant que les députés ne commencent à débattre du projet de loi autorisant la prolongation de l'état d'urgence. La main de François Hollande «n'a jamais tremblé» face au terrorisme, a-t-il assuré avec emphase, réagissant aux reproches adressés ces derniers jours à l'exécutif par des membres de l'opposition.

L'état d'urgence mis en place pas le gouvernement aurait en effet permis, selon Manuel Valls, de déjouer de nombreux attentats, dont celui prévu par le djihadiste présumé Reda Kriket, arrêté en mars à Argenteuil, qui visait «sûrement» l'Euro 2016.

«A Nice, le soir de l’attentat, des effectifs importants étaient déployés : 185 policiers nationaux et 20 militaires de l’opération Sentinelle, aux côtés de la police municipale. Prétendre le contraire [...] est une remise en cause inacceptable de la parole publique», a par ailleurs indiqué le Premier ministre, taclant très précisément le président de la région Paca, Christian Estrosi, élu sous l'étiquette Les Républicains (LR), qui a accusé le gouvernement d'avoir menti sur les effectifs policiers et militaires déployées à Nice le soir du 14 juillet.

«Il y aura d'autres attentats et d'autres innocents tués»

Cinq jours après l'attaque meurtrière au camion à Nice, le chef du gouvernement a également mis en garde contre les «divisions» et «la démagogie», car les partisans du populisme «rôdent, prêts à saisir la moindre occasion pour souffler sur les braises de la discorde».

Or, pour Manuel Valls, les temps à venir sont durs et il serait illusoire d'affirmer pouvoir régler les problèmes posés par le terrorisme «d'un coup de baguette magique». Il y aura «d'autres attentats et d'autres innocents tués», a-t-il affirmé sans prendre de gants.

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«250 morts en 18 mois mais Valls et Cazeneuve ne se remettent jamais en cause»

L'intervention de Manuel Valls devant l'Assemblée nationale a provoqué de vives réactions parmi les politiques et les internautes.

Les propos du chef du gouvernement sur l'absence de faille de l'exécutif n'ont pas été du goût de tout le monde.

D'autres ont reproché à Manuel Valls une forme de défaitisme face au fléau du terrorisme.

Du côté du FN, Floriant Philippot a regretté que le Premier ministre et le ministre de l'intérieur «ne se remettent jamais en cause» malgré la vague d'attentats qui touche le pays depuis un an et demi.

A droite, le député LR  Olivier Marleix a dénoncé «l'arrogance» de Manuel Valls.

Durant l'intervention du Premier ministre, des élus de droite, indignés par ce qu'ils considèrent être une timidité de l'exécutif face au terrorisme, auraient crié : «On est en guerre !»

Plus original, le PCF André Chassaigne a pointé du doigt le rôle de «la politique française au Moyen-Orient !» dans l'expansion de la menace djihadiste en France.

Prenant la défense de l'exécutif, le député Bruno Le Roux (PS) a quant à lui condamné, comme l'a fait le Premier ministre, les «déclarations à l'importe pièce» de membres de l'opposition.