France

Mistral : Paris tente d'économiser sur la rupture de contrat avec Moscou

Le gouvernement français se dit prêt à rembourser près de 785 millions d’euros à la Russie, à condition que cette dernière permette à la France de revendre les bâtiments à un pays tiers, ce à quoi Moscou se refuse.

La Russie s’est vue proposer par la France de résilier de manière officielle le contrat qui les lie portant sur la livraison de deux porte-hélicoptères de type Mistral, en remboursant les sommes versées, à la condition de pouvoir disposer des navires de guerre, pour pouvoir éventuellement les revendre, a rapporté vendredi le journal russe Kommersant.

Paris propose le paiement de 785 millions d'euros, alors que Moscou a déjà versé 890 millions d'euros. Le Kremlin pour sa part, estime que le préjudice total subi s’élève à près de 1,163 milliards d’euros, et refuse par conséquent toute réutilisation des navires sans que cette somme leur soit versée en totalité.

D’après un vice-directeur du service russe de coopération militaire et technique, les deux pays mènent actuellement des consultations et espèrent aboutir à un accord avant la fin du mois de mai.

En avril dernier, le président français François Hollande a reconnu que la Russie pouvait demander un remboursement en cas de non-livraison.

Au-delà de la question de la somme exacte à rembourser, reste à savoir ce que la France fera de ces deux navires, initialement destinés à la marine russe, et de ce fait entièrement équipés selon les normes russes. Des travaux de transformation, indispensables à l’usage du bâtiment par l’armée française – ou toute autre armée – coûteraient plusieurs centaines de millions d’euros.

Que peut donc faire la France des Mistral ? L’hypothèse de les couler en haute mer avait un moment été évoquée, mais il n’s’en serait finalement pas question. Le démantèlement est aussi une option, mais ces bâtiments sont faits de matériaux composites difficilement réutilisables, pas comme les bateaux de générations précédentes plus riches en métal. Les Etats-Unis, pourraient également s’en servir comme cibles lors d’exercices militaires, mais en les achetant à un prix bien moindre que celui établi avec les russes. C’est donc l’ultime option ; de les vendre «au rabais», la France pourrait donc trouver un acheteur – la Chine, l’Inde ou le Canada pourraient être intéressés – mais l’opération financière se révèlera douloureuse pour l’Etat français.

Le contrat de vente des Mistral pour un montant total de 1,2 milliards d’euros avait été conclu en juin 2011 sous la présidence de Nicolas Sarkozy.

Cependant, la livraison des Mistral est suspendue depuis le 3 septembre 2014. Le premier navire devait être remis à la Russie en octobre 2014 mais la France a préféré ne pas remplir sa partie du contrat étant donné les différends sur la crise ukrainienne. La livraison du second navire était prévue pour le 1er novembre 2015.