Une lettre de trois pages adressée au patron de la gendarmerie nationale Denis Favier, révélée par Le Canard enchaîné, et seulement signée «l'esprit de l'inter» (Force intervention), s'en prend au commandant de la brigade d'élite.
Il est impossible de savoir combien d'entre eux adhèrent aux propos virulents de ce courrier, mais selon les différents gendarmes du GIGN interrogés par l'AFP sous couvert d'anonymat, elle émane d'une poignée de mécontents tandis que de nombreux membres de la force d'élite n'y ont pas été associés.
«Voilà maintenant deux ans que nous subissons le commandement injuste et peu légitime du colonel Bonneau», «un mauvais chef», «qui fait de son mieux pour minimiser la Force intervention», écrivent les initiateurs de la lettre.
Lui reprochant de ne pas être issu comme eux de «l'intervention», cœur de métier du GIGN, ils estiment qu'il «ne comprend rien aux missions d'intervention», «est peu courageux et perd ses moyens dans l'action».
En cause, notamment, selon ces militaires anonymes (les syndicats ne sont pas autorisés dans la gendarmerie), la soirée du 13 novembre. Au début des attentats, un groupe du GIGN s'est pré-positionné, à la demande des autorités, à la caserne des Célestins, dans le centre de Paris, pour intervenir en cas de nouvelles attaques.
«Alors que nous étions 40 opérationnels [...] prêts à mener un assaut, prêts à faire cesser la tuerie», le colonel Bonneau «attendait sagement d'être appelé» et «se cachait derrière une histoire de compétence territoriale», accusent-ils, se disant «scandalisés et traumatisés par cet événement».
L'assaut au Bataclan contre les djihadistes a été mené par les unités d'élite de la police. La commission d'enquête parlementaire sur les attentats qui vient de rendre ses conclusions a conclu qu'il n'était «pas nécessaire» de solliciter le GIGN, estimant que la BRI et le Raid avaient été mobilisés en nombre suffisant à la salle de spectacles.
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