Le prêche islamiste n'aura finalement pas lieu à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) : à la suite de la révélation par l'hebdomadaire Marianne de l'intervention du prédicateur Nader Abou Anas dans un gymnase public, prévue le dimanche 10 juillet, l'association organisatrice de la conférence a souhaité annuler celle-ci.
Dans un communiqué publié le jeudi 7 juillet, l'association locale en question, «Espoir au cœur de Mitry» (ECM), a affirmé ne pas vouloir «gâcher avec une polémique malhonnête de certains médias une fête de quartier, attendue par des nombreux Aulnaysiens des quartiers populaires». L'objet de la conférence, qui devait se tenir au lendemain de la fête musulmane de l'Aïd-el-Fitr, était officiellement «de parler de l'amitié entre les peuples, du vivre-ensemble, de l'importance de la paix et le rejet de la violence perpétrée au nom de la religion». Selon l'ECM, «des valeurs auraient pu être partagées entre toutes les sensibilités [durant cet événement], des plus rigoristes aux plus progressistes».
Un prêcheur considérant la musique comme des «sifflements sataniques»
A l'origine du volte-face de l'association : un article du 4 juillet publié par Marianne, qui dénonçait la tenue de cette conférence. Selon le magazine, l'orateur invité, Nader Abou Anas, a notamment affirmé lors de déclarations publiques qu'une femme ne devait sortir «de chez elle que par la permission de son mari», et que la musique était assimilable à des «sifflements sataniques» qui «poussent à commettre l'adultère, au libertinage, à pervertir les mœurs»...
En décembre 2015, le prédicateur avait déjà pris la parole dans un gymnase prêté par la mairie d'Aulnay-sous-Bois. Cette fois, le maire de la ville Bruno Beschizza (LR) avait décidé de prévenir le préfet de la Seine-Saint-Denis de cette nouvelle intervention du prêcheur sulfureux.
Le FN monte au créneau contre la mairie (LR) d'Aulnay-sous-Bois
Malgré cette précaution, l'affaire a été l'occasion pour le FN d'accuser les Républicains de complicité avec l'islam radical. Lors de la séance du conseil régional d'Ile-de-France du vendredi 8 juillet, l'élu FN d'Ile-de-France Jordan Bardella a reproché à la municipalité d'Aulnay-sous-Bois d'avoir fait «le choix d'offrir une tribune à plusieurs prédicateurs islamistes, connus pour leurs propos violents et particulièrement choquants».
Indignée, la présidente de la région Valérie Pécresse, Républicaine tout comme le maire d'Aulnay, a rappelé à l'ordre le conseiller FN pour avoir «diffamé [son] collègue».
Dans un communiqué publié peu après, le groupe FN de la région a récusé ces accusations de diffamation, affirmant que les propos de Jordan Bardella constituaient uniquement des «imputations politiques factuelles».