France

Interdiction de la manifestation de jeudi à Paris : le gouvernement fait volte-face

Après avoir annoncé l'interdiction de la manifestation contre la loi travail jeudi 23 juin à Paris, le gouvernement, cédant à une forte vague de critiques, a finalement accordé aux syndicats le droit de défiler.

A la suite de discussions entre le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve et les organisations syndicales mercredi matin, celles-ci sont parvenues à obtenir le droit de manifester à Paris sur un court trajet allant de la place de la Bastille au bassin de l'Arsenal, a annoncé le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez. «L'autorisation de manifester le 28 juin selon des modalités à déterminer», a-t-il ajouté, a également été décrochée par les syndicats.

Le leader cégétiste a qualifié de «victoire pour les syndicats et la démocratie» cette volte-face du ministère de l'Intérieur, qui s'était jusqu'à présent montré ferme dans son opposition à la marche des manifestants, pour des raisons de sécurité.

«Il n'y a plus d'autorité, mais plus qu'une girouette au sommet de l'Etat»

Les réactions de la classe politique face à cette incapacité du gouvernement à maintenir son cap n'ont pas tardé : le sénateur et maire FN Stéphane Ravier a notamment évoqué un «vrai sketch au sommet de l'Etat», tandis que Jean-Luc Mélenchon a pointé du doigt la «confusion» de Manuel Valls.

L'instabilité du gouvernement a également suscité de nombreux commentaires ironiques sur les réseaux sociaux :

Afin de faire bonne figure face à cette victoire des syndicats, le ministre de l'Intérieur a tenu à préciser qu'«aucun débordement, aucune violence» ne seraient tolérés par les forces de l'ordre. Le Premier Manuel Valls, de son côté, a tenu à dire que «tout [avait] été fait» par l'exécutif pour permettre à la manifestation de se tenir...

Mercredi 22 juin au matin, le préfet de police de Paris avait annoncé l'interdiction de la manifestation de jeudi, au motif que les «représentants des syndicats refus[aient] catégoriquement la tenue d'un rassemblement statique et formul[aient] ensuite des propositions alternatives d'itinéraires».

Cette décision avait provoqué une condamnation unanime de la classe politique, de la gauche au FN. Parmi les personnalités ayant fait part de leur indignation, le leader des députés socialistes «frondeurs» Christian Paul avait dénoncé une «faute historique», tandis qu'à l'autre bord de l'échiquier politique, Marine Le Pen avait regretté une «démission face aux casseurs» et «une atteinte grave à la démocratie».