Cette nouvelle garde, qui concernerait dans un premier temps jusqu'à 350 000 jeunes, garçons et filles, sur la base du volontariat, aurait vocation à devenir ensuite obligatoire, pour une période de huit mois.
«Depuis la fin du service national, rien n'a remplacé dans la République ce qui permettait aux jeunes d'avoir un lien avec la République et aussi d'acquérir des formations», a souligné à l'AFP Laurent Azoulai, rapporteur du projet au PS. Ce projet, qui doit encore faire l'objet de débats jusqu'à la fin de l'année dans le cadre des Cahiers de la présidentielle du PS avant 2017, a vocation à rejoindre les propositions du futur(e) candidat(e) du PS pour la présidentielle.
Il s'agit selon Laurent Azoulai de «retisser les liens entre les jeunes et la Nation, tout en offrant des possibilités de carrières, aider au désenclavement à la fois géographique et social, et recréer les conditions d'une accession à la citoyenneté pour les uns et pour les autres». La Garde «devra servir comme une sorte de grand réservoir naturel mobilisable en cas d'urgence».
Elle pourrait comprendre deux parties, l'une dédiée à la protection, qui pourrait être déployée dans des lieux publics, l'autre à «un engagement humanitaire, social, sanitaire et éducatif».
Trouver un substitut à l'abandon du service militaire
Ce n'est pas le premier projet de ce type. Depuis la fin du service militaire obligatoire décidé par le Président Jacques Chirac en 1996, plusieurs projets ont émis à gauche et surtout à droite, pour compenser sa disparition sur le plan sécuritaire, mais aussi sur le plan social. En Avril 2015, François Hollande annonce la mise en place du «Service Militaire Volontaire», dont l'objectif est d’accueillir des jeunes âgés de 18 à 25 ans dans une structure militaire pour leur offrir des formations professionnelles en lien avec les besoins de la région.
Une mesure que Nicolas Sarkozy avait annoncé en avril dernier vouloir rendre obligatoire pour tous les décrocheurs scolaires : «A partir de l'âge de 18 ans, toute personne qui n'aura pas son bac, qui ne sera pas en apprentissage, ne sera pas en formation, ne sera pas en stage, ira faire un service militaire adapté où il pourra réapprendre les règles de vie en commun», avait-il affirmé.
Il existe aussi le Service civique : créé en mars 2010, il permet à des jeunes âgés de 16 à 25 ans d’effectuer des missions dans des associations, des collectivités locales ou des établissements publics pendant six à douze mois. La rémunération est fixée à 573 euros net par mois, soit un peu plus qu’un stage. Alors qu'aujourd’hui seul un candidat sur quatre obtient un service civique, le président François Hollande s'était engagé en juin 2015 à rendre le Service Civique «Universel», c'est à dire que chaque candidat puisse trouver une offre qui lui corresponde. Mais cette promesse s'est avérée plutôt décevante. Le nombre d'offres reste très en deçà de la demande.
Après les attentats qui ont frappé Charlie Hebdo en janvier 2015, plusieurs ténors de droite avaient réclamé le retour du service militaire, pour une durée plus courte et adapté aux enjeux contemporains. Dans un entretien au Parisien, Xavier Bertrand avait déclaré qu'un nouveau service national était «indispensable pour la République», un service national qui durerait trois mois, et destiné aux jeunes femmes et jeunes hommes. «Il est important pour les jeunes de savoir qu’on doit quelque chose à la nation. Cela rappellera des règles, ce qu’est l’autorité et ce qu’est la nation française», avait-il précisé. Les députés républicains François Baroin et Eric Ciotti avaient alors des propositions similaires.
A gauche, Jean-Luc Mélenchon s'était dit favorable à un rétablissement de la conscription au profit d'une «garde nationale» qui remplirait un «objectif collectif d'intérêt général», notamment la «sécurité et la sûreté intérieures».
Mais toujours au début de l'année 2015, le PS et le gouvernement avaient été plus mesurés sur la question : «Il n’est pas sûr que cela corresponde à la menace d’aujourd’hui. Nous avons fait le choix d’une armée professionnelle et on voit bien, face aux risques que nous rencontrons, qu’il faut une armée professionnelle.» avait expliqué le ministre de la Défense Jean-Yves le Drian au micro d'Europe 1.
Au Front national, Marine Le Pen avait alors proposé le rétablissement d'un service militaire obligatoire de trois mois pour «relancer l'assimilation» et «unir la jeunesse de France». Si les jeunes seraient indemnisés pendant cette période, celle-ci serait obligatoire sous peine de ne plus percevoir un certain nombre de prestations sociales.
Il y a quelques mois en décembre 2015, une enquête réalisée par La Chaîne Parlementaire révélait que 80 parlementaires français étaient favorables au rétablissement du service militaire obligatoire, principalement à droite.