France

Euro 2016 : des journalistes frappés, volés, quand la presse est prise pour cible (VIDEOS)

Couvrir le championnat d’Europe de football en France ne relève pas d’une sinécure pour la presse. Entre agressions et vol, les journalistes sont trop souvent attaqués et les cas se multiplient alors que l’Euro ne fait que commencer.

«Dégagez les nègres !» Voici ce que Fernando de Henrique Oliveira, journaliste de la chaîne brésilienne Bandeirantes, a entendu jeudi 16 juin à 16h30 devant la Gare du Nord à Paris. Alors que les supporteurs polonais et allemands commençaient à se rendre au Stade de France pour la rencontre qui allait les opposer, Fernando de Henrique Oliveira et sa collègue Sonia Blota faisaient leurs interviews.

Un groupe d’une cinquantaine de fans allemands ont alors pris à partie les journalistes. Les insultes racistes ont précédé les coups. Fernando de Henrique Oliveira a reçu un coup au niveau du visage tandis que Sonia Blota a été frappée à coups de pieds. L’un des agresseurs aurait eu une batte de base-ball en sa possession.

«Ce n'est pas une douleur physique, mais plutôt morale et psychologique. Il semble que nous devions nous excuser tout au long de la vie d'être noir et de représenter une minorité», a expliqué, attristé, le journaliste brésilien. Sa caméra a réussi à filmer les fans violents et il a déposé plainte.

Cet événement n’est malheureusement pas anecdotique. Depuis le début de ce championnat d’Europe de football, on a vu aussi bien des scènes d’émeutes urbaines entre hooligans et forces de l’ordre que des ambiances festives d’anthologie entre fans

Quand les journalistes se retrouvent à devoir composer avec les premières citées, la situation peut vite déraper. Alexandre Ruiz, présentateur vedette de beIN Sports, a fait une triste annonce à la mi-temps du match entre la Pologne et l’Allemagne le 16 juin.

Deux journalistes de la branche qatarienne de la chaîne ont été attaqués par un supporteur anglais à Lens en marge de la rencontre qui a opposé son équipe au Pays de Galles. Indemnes mais choqués, ils ont passé quelques heures au commissariat pendant que leur agresseur était interpellé.

Traumatisme crânien et bouche en sang

Le 15 juin, c’est à Lille qu’un blogueur russe, Nikita Panassiouk, a subi un traitement de faveur de la part de plusieurs hooligans britanniques. Comme le rapporte l’agence Tass, les fans anglais scandaient des chansons hostiles à la Russie et à son président, Vladimir Poutine. Ils n’ont pas apprécié que le jeune homme filme la scène. Résultat ? Un traumatisme crânien, une caméra endommagée et un passage à l’hôpital Saint-Vincent de Paul de Lille.

Filmer les exploits des supporters avinés est une activité dangereuse. A l’instar de Nikita Panassiouk, notre correspondant à Marseille en a fait la triste expérience. Alors qu’il se trouvait dans le quartier du Vieux-Port de Marseille le samedi 11 juin pour prendre la température avant le match Angleterre-Russie, il a été témoin de violentes dégradations commises par des fans anglais. Contraint de couper son direct sous la menace, il a ensuite été violemment frappé au visage par l’un d’entre eux.

Parfois, les désagréments prennent une tournure moins violente mais non moins problématique lorsque l’on veut faire son métier de journaliste. Notre correspondant à Marseille (encore lui), se trouvait au Vieux-Port (encore lui), pour filmer la fête qui a suivi la victoire des Bleus face à l’Albanie, le 15 juin. Une couverture écourtée par le vol à l’arraché de son téléphone...alors qu'il retransmettait des images en direct via l'application Periscope !