Rassemblé au métro Duroc (VIe, VIIe et XVe arrondissements), le cortège s'est peu a peu élargi à plusieurs centaines de personnes.
Les intervenants ont commencé par rappeler leurs revendications et leur hostilité à la gestation pour autrui, à savoir, le recours aux mères porteuses contre rémunération.
S'exprimant pour RT France, le député du Gard Gilbert Collard a déploré un «débat lamentable» à l'assemblée nationale car les socialistes pas assez nombreux ont reporté le vote du mardi 21 juin. «On touche du doigt la tartufferie de l'idéologie socialiste. Ils passent leur temps à parler de valeurs, de respect humain, et lorsqu'on touche à une question essentielle qui est : "L'être humain peut-il devenir un produit commercial ?", ils acceptent cela. Aujourd'hui pour la première fois de l'Histoire, l'être humain devient un produit commercial», a-t-il déclaré.
Dans le cortège, nombreux étaient les manifestants à assimiler la GPA à une forme «d'esclavage moderne».
Les manifestants ont ensuite défilé dans les rues du VIIe arrondissement de Paris en direction de l'Assemblé nationale.
La marche de la Manif pour Tous s'est déroulée sans aucun incident, malgré quelques contrôles d'identité effectués par les policiers sur des membres de l'Action Française.
Une contre-manifestation avait bien été organisée à quelques centaines de mètres, mais seuls une vingtaine de personnes s'y sont rendus. Bloqués par les CRS pour éviter tout éventuel incident, ils ont fini par se disperser.
Une après-midi de débats mouvementés à l'Assemblée
Plus tôt dans la journée, l'ambiance était houleuse à l'Assemblée nationale qui examinait deux propositions de loi LR dans le cadre d'une «niche» réservée au principal groupe d'opposition.
Faute de députés de gauche présents en nombre suffisant, les deux motions de rejet préalable des textes présentées par le PS ont été repoussées. Cela a poussé le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, à repousser le vote qui aura lieu mardi 21 juin lorsque les socialistes seront assez nombreux.
Le premier texte porté par Philippe Gosselin visait à insérer «le principe d’indisponibilité du corps humain» dans la Constitution. Le gouvernement et les socialistes ont objecté que ce principe était déjà reconnu et que l'inscrire dans la Loi fondamentale pourrait empêcher, par exemple, la recherche sur l'embryon ou l'assistance médicale à la procréation.
Le second texte de Valérie Boyer de lutte «contre le recours à une mère porteuse» prévoyait de nouvelles incriminations sanctionnant le recours à la GPA. Il entendait aussi interdire toute transcription d’acte d’état civil étranger reconnaissant une filiation issue de cette pratique pour «conduire la Cour européenne des droits de l'Homme à reconsidérer sa position".
Dans l'hémicycle, nombre de députés LR, dont des membres de l'Entente parlementaire pour la famille et de la Droite forte, ainsi que Jean-Frédéric Poisson, président du Parti chrétien-démocrate (PCD) et candidat à la primaire, ont soutenu ces deux propositions.
Dans les tribunes figurait la présidente de la Manif pour Tous Ludovine de la Rochère, qui a ensuite participé au défilé parisien.
François Fillon et Bruno Le Maire, deux députés également candidats à la primaire, avaient envoyé des messages de soutien sur Twitter à Valérie Boyer.
«Les brèches se multiplient» et le «double jeu» de l'exécutif conduit à «une légalisation de fait», a renchéri Marion Maréchal-Le Pen (FN).
Mais «pas question de revenir sur la prohibition de la GPA» et «de légaliser cette pratique qui participe d'une marchandisation du corps humain», a affirmé Jean-Marie Le Guen.
Les mesures proposées «conduiraient en pratique à ne sanctionner plus fortement que les parents, sans permettre les sanctions des intermédiaires» qui opèrent depuis l'étranger, a-t-il argumenté, privilégiant «les discussions bilatérales avec les pays concernés».
Colette Capdevielle (PS) a critiqué des «vérités toutes faites, calculs politiques et fantasmes» des Républicains, estimant que «depuis 2012» ceux-ci n'ont «de cesse de tenter de réveiller celles et ceux qui avaient exprimé un désaccord sur le mariage pour tous».
«Vous êtes des meurtriers !», a quant à lui lancé le député LR Nicolas Dhuicq au sujet des enfants coupés du lien avec leur mère porteuse. Indigné, le groupe PS lui a demandé des excuses.
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